Coucou, c’est la rentrée, me revoilou. Dans ce qui suit, je ne suis pas énervée, mais très chiante: c’est parce que je ne rigole pas avec ça, personne ne devrait, d’ailleurs.
Une empoignade verbale a lieu en ce moment même, à coups de commentaires indignés entre Français et Marocains –à en juger par les pseudos ou les prénoms choisis–, au bas d’un article qui a, cette semaine, le vent en poupe sur Le360.
Il y est question d’une décision souveraine prise par la France de baisser les frais de scolarité dans ses établissements implantés hors de son territoire, qui relèvent de son système d’éducation, et ceux qui se trouvent au Maroc sont concernés.
Avant tout, merci, chère France. Merci d’avoir éduqué beaucoup d’entre nous. Moi-même, je suis le pur produit de ton éducation, que tu as si bien su exporter chez moi, au Maroc. D’aussi loin que je me souvienne, instit’ et profs étaient français.
Merci, bien sûr. Merci d’avoir formé une grande partie de nos élites, de continuer à le faire.
Mais merci aussi à nous, Marocains, de comprendre qu’il est temps, 63 ans après notre indépendance chèrement et durement arrachée à cette même France, plus que temps, que nous réinventions notre école.
Pas besoin que je vous fasse un dessin sur le désastre actuel. Cela fait bien longtemps que beaucoup, et j’en fais partie, s’affligent du niveau actuel de nos chères têtes brunes, bien souvent, pour ne pas dire tout le temps, incapables, arrivées au bac, d’écrire un texte cohérent sur l’un des enjeux de ce monde.
J’ai donc été à cette école du simple bon sens, celui de l’assimilation d’une notion fondamentale: le doute méthodique, qui crée des humains à même de faire preuve de simple, bête, logique. Cette école, c’est aussi celle de la créativité (et donc de l’émission d’une pensée propre, débarrassée de toute contingence idéologique).
Dimanche dernier, le directeur des programmes de l’éducation nationale du Maroc a expliqué, ici, pourquoi cette année les programmes changeaient, et pourquoi il était fondamental qu’ils le soient.
Pour faire passer cette loi réformant l’enseignement, les débats ont été âpres au parlement, les islamistes qui nous gouvernent ont freiné des quatre fers, tenté de stopper le processus en marche tant qu’ils ont pu, mais n’ont finalement rien pu faire face au simple bon sens.
Sans l’acquisition, par les Marocains de demain, d’une logique à toute épreuve, pas le moindre espoir de développement pour notre pays.
Sans l’apprentissage de langues autres –et cessez, de grâce, de fulminer sur l’apprentissage du français, c’est la langue «étrangère» la plus logique à apprendre pour nous, étant donné notre histoire et notre passé récent, sans cet apprentissage, point d’ouverture sur le monde, nous resterons claquemurés dans notre bêtise.
Sans, enfin, des notions claires, des savoirs basiques transmis dès les premières classes, jamais ce Maroc n’avancera.
L’école marocaine était jusqu’ici prisonnière d’une idéologie, elle semble désormais vouloir s’en détacher.
Le destin de notre nation est à ce prix.
Le développement de notre pays est, aussi, à ce prix.
Le chemin sera évidemment long. Il n’est pas impossible à emprunter. Bonne rentrée à tous.