30 Melyoun, de Rabii Shajiid, connaît un démarrage fulgurant. Cette comédie 100% marocaine cartonne dans les salles du Maroc, depuis sa sortie le 5 février. En deux semaines et deux jours seulement, le film produit par Driss et Mehdi –qui font également partie du casting– récolte 120.000 entrées. "Il fait mieux que Road to Kaboul (NDLR: sorti en 2012, et qui, à l’époque, avait explosé les compteurs avec 200.000 entrées en un an)" précise Imane Mesbahi, la distributrice des deux films.
Contactée par Le360, la responsable de la société de distribution Canal4 explique que les comédies sont une recette gagnante, car elles touchent une cible jeune, férue de ce style. La distributrice dénonce en passant certains réalisateurs qui, ces deux derniers jours, ont "insulté" –pour reprendre ses termes–, le public marocain en déclarant que ce même public encourage la médiocrité. "Si le public aime un film, c’est qu’il a des raisons de l’aimer…", ajoute Imane Mesbahi.
La polémique a commencé, selon la distributrice, après un commentaire du réalisateur Abdesslam Kelai sur les réseaux sociaux. Contacté par Le360, le cinéaste, auteur du feuilleton à succès Ain El Haq, fait son récit des faits et explique sa position. "En lisant un statut de mon co-scénariste de Ain El Haq sur sa page Facebook, concernant ce phénomène cinéma du moment, j’ai répondu en déclarant que ce n’était pas un phénomène, mais qu’il s’agissait plutôt d’un indicateur de l’effondrement du goût culturel des Marocains".
Abdeslam Kelai renchérit "Je précise que par ma position je n’attaque pas le fim 30 Melyoun, ce n’est pas le film en soi qui m’intéresse. Je veux attirer l’attention sur cet effondrement qui a commencé sur internet. Avec ces contenus médiocres qu’on crée, qu’on partage, nous sommes devenus la risée du monde. Bientôt, si on continue comme ça, nous allons voir ces mêmes contenus sur grand écran… Mais où va-t-on?"
Ce débat sur la lutte contre le nivellement par le bas, tel que le décrit Abdesslam Kelai, doit selon lui être porté par la classe politique. "Mais en l’absence d’une prise de conscience chez les politiques, c’est notre rôle à nous, artistes, d’exiger et d'obtenir cette prise de conscience, c’est très important…"
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En attendant, 30 Melyoun explose au box office, et le public se rue dans les salles de cinéma pour découvrir les aventures rocambolesques de Sami (Yassar), Zouhair (Driss) et Hicham (Mehdi). Trois jeunes trentenaires qui, un soir, se baladent en voiture et décident de s’arrêter pour fumer un joint. Quand une voiture de police s’approche, Sami, au volant, est saisi de panique et jette le mégot, qui tombe tout juste à côté du réservoir mal fermé de la voiture des policiers. Le véhicule prend feu et Sami est jeté en prison…
30 Melyoun est le premier long métrage de Rabii Shajid. Avant de se lancer dans ce projet, le réalisateur avait déjà travaillé sur des téléfilms, des courts métrages et des mini-séries pour Al Oula et 2M TV.