Selon les médias italiens citant des sources hospitalières, le "maestro" avait été admis au service de chirurgie cardiaque de la polyclinique de Rome, l'un des plus grands hôpitaux de la capitale italienne. Selon ces mêmes sources, le réalisateur était dans le coma depuis dimanche.
Ettore Scola, était l'un des derniers grands maîtres de la comédie italienne, réalisateur de chefs-d’œuvre inoubliables mettant en scène Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Vittorio Gassman ou Nino Manfredi.
Les réactions ont très vite afflué après la mort de celui qui avait su si bien raconter l'Italie pendant près d'un demi-siècle, des années fascistes à celles des débuts du XXIème siècle.
Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a aussitôt fait part de sa tristesse après la mort de ce "maître dans l'art d'observer avec acuité l'Italie, sa société et ses changements".
Le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, a salué sur Twitter un "grand maître, un homme extraordinaire, resté jeune jusqu'au dernier jour de sa vie".
L'actrice Stefania Sandrelli, qui lui a offert l'un de ses plus grands films avec "Nous nous sommes tant aimés" en 1974, a fait part de son immense tristesse. "Si je devais choisir un mot entre tous, ce serait +nous+. Il m'a transmis la magie de faire les choses ensemble et quelles choses nous avons fait ensemble, quels films !", a-t-elle réagi avec émotion.
"Ciao Ettore"!
"Ciao Ettore, nous t'avons tant aimé", a lancé sur Twitter l'acteur Alessandro Gassman, fils de Vittorio avec qui Scola a tourné plusieurs de ses chefs-d'oeuvre.
Né le 10 mai 1931 à Trevico en Campanie (sud-ouest), Ettore Scola commence à écrire des scénarios dans les années cinquante avant de passer de l'autre côté de la caméra en 1964 avec son premier film "Si vous permettez, parlons de femmes". Il met alors en scène les plus grands acteurs de l'époque, Gassman, Mastroianni et Manfredi.
L'un des ses films les plus importants viendra dix ans plus tard avec "Nous nous sommes tant aimés", qui met en scène Manfredi, Gassman et Stefano Satta Flores, tous amoureux de la sublime Stefania Sandrelli.
Trois ans plus tard, en 1977, il réalise "Une journée particulière", film plus politique et d'une extraordinaire sensibilité où l'on suit Marcello Mastroianni et Sophia Loren, se découvrant l'un l'autre dans un amour naissant mais impossible, sur fond de fascisme triomphant.
La scène où ces deux immenses acteurs se déplacent entre les draps qui sèchent au soleil sur la terrasse du "palazzo" romain où ils sont restés seuls, est l'une des plus belles scènes du cinéma italien, selon le critique cinématographique Francesco Castelnuovo. "Elle influence encore de jeunes réalisateurs", a-t-il assuré, interrogé sur la chaîne SkyTG24.
Ettore Scola était aussi le plus "politique" des maîtres de la comédie italienne, a commenté de son côté le critique de cinéma du quotidien Corriere della Sera, Paolo Mereghetti, sur cette même chaîne de télévision.
Ettore Scola avait rejoint le Parti communiste italien (PCI) et deviendra même ministre de la Culture d'un cabinet fantôme formé en 1989 par les dirigeants communistes italiens.
"Il comprenait où allait l'Italie et peu de cinéastes ont eu cette lucidité", a ajouté M. Mereghetti.
C'était aussi un "peintre" remarquable de la famille italienne, son grand sujet qu'elle soit bourgeoise dans "La famille" en 1987 où sordide avec "Affreux, sales et méchants" en 1976, selon M. Castelnuovo.
Mais son dernier hommage sera consacré à un autre grand maître du cinéma italien, Federico Fellini, dans un documentaire en 2013: "Comme c'est étrange de s'appeler Federico".
Ses deux filles Paola et Silvia avaient de leur côté réalisé en 2015 un documentaire sur leur père intitulé "En riant et en plaisantant".