Signé "Gauguin. P, le 2 juillet 1865", cette aquarelle représente un chalet suisse au bord d'une étendue d'eau et a été adjugée à 80.000 euros à un industriel français résidant en Suisse, qui a pris part à la vente par téléphone, a constaté un correspondant de l'AFP.
Réalisé avec une encre de Chine et aquarelle sur papier Canson, c'est le "premier dessin connu" de Gauguin et son existence "bouscule la thèse selon laquelle Gauguin serait un peintre autodidacte", avait expliqué le commissaire-priseur Aymeric Rouillac.
Ce tableau, de 39,5 cm de largeur et 25 de hauteur, avait été apporté en Touraine à l'automne 2018 par un client pour une expertise. Des recherches menées par deux étudiants de l'université de Tours avaient permis d'authentifier le tableau.
Il a été réalisé sous la direction de Charles Pensée, professeur au Lycée impérial d'Orléans, où la mère du peintre tentait de refréner l'envie de Paul de s'embarquer pour des îles lointaines, selon les recherches menées par deux étudiants de l'université de Tours qui avaient confirmé la signature du peintre.
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Gauguin venait d'échouer au concours d'entrée à l'École Navale, mais après cette année à Orléans il s'engagera dans la marine marchande.
Né en 1848, Paul Gauguin a séjourné plusieurs années à Orléans et jeune, il fait une copie d'un dessin que son professeur avait réalisé en Suisse.
"C'est une œuvre d'art, car Gauguin se permet des changements (...) il se permet de transformer complètement le modèle en créant une étendue d'eau alors que nous sommes dans les alpages en altitude et on retrouve ce goût malicieux qu'aura Gauguin tout au long de sa vie", a estimé Valentin de Sa Morais l'un des étudiants en histoire de l'art qui a participé aux recherches.
Collectionneurs privés, acheteurs des musées, environ 200 personnes avaient pris place dans la salle des ventes, suivies au téléphone et sur Internet par des acheteurs du monde entier, notamment de Chine, Etats-Unis, Angleterre, Suisse, Israël, Italie et Belgique.
Cent-cinquante lots se trouvaient disposés sur des tables, dans une salle d'exposition mitoyenne, des employés, munis de gants blancs, présentant tour à tour les objets au public.
Parmi les lots attendus: deux panthères en bronze de Rembrandt Bugatti, le frère d'Ettore Bugatti, le constructeur d'automobiles, adjugées pour un million cent mille euros à un Français resté anonyme.
Le record pour un autre couple de panthères, avait été atteint pour 750.000 euros chez Christie's à Paris en 2016, lors de la vente Alain Delon.
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"Ce n'est pas la première fois que le million est dépassé, mais c'est rare (...) aux Etats-Unis les montants ont déjà fait le double pour d'autres modèles qui sont le tigre et de Sibérie et le babouin", a indiqué Véronique Fromager experte pour Rembrandt Bugatti.
La troisième pièce, l'un des dix derniers exemplaires du premier roman de François Rabelais, de 1542, a été adjugée 490.000 euros. Dans cet ouvrage de 11 cm sur 7 on trouve deux textes majeurs, "Pantagruel" et "Gargantua".
Ces farces, écrites sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier - anagramme de François Rabelais -, étaient vendues à leur époque par des colporteurs sur les places des villages.