«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.
Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse Internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.
Cette nuit, j’ai entendu des chats qui s’enfilaient un peu partout en faisant un boucan d’enfer. Ça manque de pudeur, les félins.
De vraies salopes. Je n’ai pas pu fermer l’œil, ni la fenêtre. J’ai regardé pour m’aérer le cerveau face à l’océan. Elle était sombre, la flotte. La Lune s’est porté pâle. Il y avait juste ce mec, un gars étrange et cabossé qui poulopait, du genre il a vu un cyclone. Un toto qui a probablement rencontré un nuage en allant faire la prière de l’aube. Ça arrive de croiser des nuages qui font marc de café. Un mauvais présage, en somme.
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Ça coupe la chique et pousse le chaland à rentrer chez lui, à laisser la journée passer sans lui. Le fatum a la dent dure, mais la mémoire courte. Une vraie Dory. J’ai rechargé mon téléphone. Toujours pas de réponse. Je me sens disposé à crever des pages entières à prendre des notes pour le plan qui commence à moonwalker dans ma caboche. Quand la matière me résiste, c’est mon habitude de me taper des épilepsies, des crises, du lourd, du fumant. Mon plan sera parfait, il ne faut rien brutaliser.
Les félins s’attirent par la douceur. Derrière moi, les secondes ne cessent de danser la polka. Tic-tac. Tic-toc. Puis l’appel à la prière remet de l’ordre en balayant tout ça. Mes idées et le bruit des secondes qui s’évadent sont soufflés comme du mauvais popcorn.
Je ne sais pas où je suis. J’ai piqué du nez, l’habitude de la sieste. La voiture a cessé de courser la nuit, on est quelque part où l’écho fait ce qu’il veut. Les pas de mes ravisseurs résonnent dans le lieu et dans les recoins de ma cage thoracique.
On m’enlève la cagoule du Ku Klux Klan où on a jeté ma tête, pour que je voie la tanière où la CIA dans toute sa gloire m’a traîné : je suis bien déçu. C’est juste un hangar de bus avec de la graisse et des bus usés de la Ville de Paris recyclés en bus abusés de la Ville de Cacablanca. Mon camarade le Hummer a disparu du récit... Parti probablement changer ses pneus et faire une vidange dans les chiottes après le peu de mal que je lui ai causé. Horreur de l’urbanisme sauvage.
Un grommeleur s’approche de moi avec un stylo-bille quatre couleurs. Il a tout du scribe ratiocineur et pontifiant, avec cette lueur dans l’œil de ceux qui possèdent le don de te vriller les nerfs à souhait. Le Grommeleur fait jouer son stylo-bille quatre couleurs avec des bruits de Tommy Gun. Rat-a-tac-tac-tac... Il est veule ce con ! Rat-a-tac-tac-tac.
Il va encore me poser des questions stupides et tourner en rond pour me confondre. J’aime bien la confusion ! Ce programme ne va pas à l’encontre de ma dialectique personnelle. Je sens derrière ses verres teintés l’idée se former dans son cerveau, le venin monter à la surface, la cruauté gorger ce sourire sans lèvres que le Grommeleur affiche sans honte face au monde. Rat-a-tac-tac-tac...
C’est le genre d’homme qui n’est pas méchant dans le fond, il est juste en mission. Dans ses songes il habite dans un monde de drames, avec des traîtres et un héros unique. Il n’a rien contre l’idée d’être ce héros unique.
Rat-a-tac-tac-tac... Avant de partager l’héroïsme dans le grand mélange d’univers partagés comme dans les comics.