«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.
Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse Internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.
Je suis au laboratoire, comme pour Moïse, la mare de péquenots se dézippe sur mon passage. Je suis l’enfant-roi, le Nü Jesus qui a refusé une proposition de la Silicon Valley pour patauger dans la mare du tiers-monde avec des zouaves consanguins et bigleux. Ils ont bien vu à mon air que ce n’était pas le moment de me faire chier la bite ni de me branler l’oignon.
Ils me regardent tous avec un mélange de crainte et d’envie. Cette odeur de chagrin dans la voix quand ils essaient de me parler pour remonter dans le classement de mon estime. Ils semblent y jouer leur vie comme dans un jeu d’arcade. Ils veulent remonter dans le classement. Ils veulent un bout du génie qui va foutre le monde par terre et lui pisser dessus comme une pute soumise.
Ils veulent un peu de ma brillance. Un semblant d’étincelle. Des escarbilles pour faire des trous dans le tissu de leur dignité. De la visibilité en forme de tranche de camembert d’éternité. Ils ne peuvent pas être moi. Alors ils jouent du coude pour être dans la même photo que moi.
Un peu d’éternité me guette. Oui, exactement : c’est débile. Mais qui a pensé que le cerveau humain était autre chose qu’une machine à manufacturer la débilité la plus crasse, la plus arriérée ? Pire que n’importe quel animal. Quand l’animal se fait avoir, il se fait bâfrer, il est naïf ou étourdi, nullement débile.
Un humain, il se jette dans la mare poisseuse par manque de vision globale, par manque de jugeote, par manque de... bref. Je suis assiégé par des quémandeurs d’éternité, ils se vautrent sous mes pieds en mode Serpillère.
Des frustrés de l’invention. Des binoclards au cerveau foiré. Ils veulent un peu du mien. Ils auraient aimé que le mien soit radioactif pour les contaminer un peu. « Vous sentez-vous éternel ? » Je ne sais pas qui pose la question. Mais je me sens surtout ailleurs, loin de ces cloportes et de ces blattes qui rampent partout autour de moi sur leurs bides à bière pour ramasser les miettes qui risquent de tomber sur mon passage. « Vous sentez-vous éternel ? » Laisse-les se forger leurs propres chimères, les idiots !