Exclusivité-Le360. EP17. Les bonnes feuilles de «Big Data Djihad», un roman de Hicham Lasri

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders. 

Hicham Lasri montre son cinquième roman, «Big Data Djihad», paru aux éditions Outsiders.  . Editions Outsiders

Artiste conceptuel et écrivain reconnu, Hicham Lasri fait un retour fracassant avec un cinquième roman, «Big Data Djihad», une déclaration de désamour sur fond de science-fiction et de frictions digitales, mais aussi le récit d’une catastrophe virtuelle, sans oublier une Revenge Fantasy. En voici les bonnes feuilles, un épisode après l’autre.

Le 03/12/2022 à 10h37

«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.

Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse Internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.

Tu sais, on ne tourne pas impunément le dos à l’Histoire... C’est une reine rancunière, l’Histoire... Tu ne tournes pas le dos à une reine, on fait marche arrière...

- Ah !

- Tu as toujours le temps de faire marche arrière avant que la Reine Biatch ne te prenne en eczéma...

- Mais...

- Je sais que tu peux penser à un alibi... J’en connais plein, d’adeptes d’alibis en carton... en toc... Ils se font frigorifier les os dans les prisons secrètes... Tu sais, nous sommes la CIA, on n’existe pas...

Dans dix ans, tu verras la lumière du soleil et tu sentiras la terrible meurtrissure d’avoir compté et de n’être plus rien! C’est terrible! Tu sais, quand l’Histoire passe elle t’écrase fondamentalement les pieds...

C’est comme ça... Les esprits assoupis appellent ça «ironie»... Il y a trop de «ça» dans mes phrases... Ce n’est pas ma langue maternelle... Je me sens décalotté, amoindri, castré par la beauté froide de cette sorcière. Elle me donne l’impression qu’elle s’est embusquée dans l’encoignure de la porte de mon âme.

Je suis foutu !

- On sait par exemple que tu avais un frère...

Elle marque la pause, laissant le temps ralentir et se figer avec un bruit de cassette audio avalée par le lecteur. Le vent qui suit m’arrache des cris et la peau morte de mon visage. Elle me regarde avec empathie, sans laisser transpirer aucune cruauté. Elle laisse cette information faire son chemin dans mon système nerveux comme une injection de somnifère qui me gèle le bulbe. Je ne suis que le songe d’un personnage de cartoon.

- On sait qu’il s’est fait exploser et a emporté avec lui des innocents!

Elle est où ma répartie?

Qui a piétiné mon ombre?

Qui a écrasé le mandala?

Je ne veux plus être le naufragé d’une tempête sentimentale...

Il est où mon sourire?

Elles sont où les idées?

Ils sont où les gens, les humains, les justes et les vertueux?

Elle est où l’humanité? Qui a lâché sur moi ce conglomérat de justiciers poujadistes? Pourquoi je suis coincé avec les eaux croupissantes de la tambouille génétique? Que du candidat pour les peintures de Bosch, des tronches, des gueules de Vogue et de Cosmo, l’avenir de la race. Que des Anus-bis à tête d’éléphant et des Ganesh à haleine de chacal, c’est la parade, les réjouissants Béhémoth & Léviathan qui font un duo comique grimaçant et boulevardier. Voilà! Du monstrueux, de la bile, de la vermine encore et encore.

Oui, le monstrueux, quand il n’est pas merveilleux, c’est l’œuvre du Malin. Ce pauvre Diable, toujours coincé avec les Usual Suspects, Cacablanca encore et toujours. Toute cette jacquerie minable, abominable, épouvantable...

Infamie, infamant...

Aporie!

Dutroux ou d’Outreau? Pourquoi choisir!

Et Gilles de Rais, il boude?

Mâcher l’immondice, encore et encore et en chœur... Elle est où mon influenceuse? Mon insta-babe? Ses miches bien ondoyantes, ses nénés en mode waterbed me manquent, sa bouche autour de ma bite, mon doigt dans son fion, mon gros orteil dans sa fente, je veux brouter son pré et la laisser brouter mon chagrin.

Je veux foutre mon nez dans toutes ses fentes et la sniffer un bon coup avant qu’une porte s’ouvre et que le courant d’air disperse cette drogue.

Par Le360
Le 03/12/2022 à 10h37