«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.
Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse Internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.
Quand je veux voir des monstres, je regarde par la fenêtre; il y a un grand miroir en face. Par la fenêtre de mon bureau, je regarde les assistants, les laborantins, les directeurs, les cerveaux, les ingénieurs, les futuristes, les corporates sans âme... Ils sont pliés sur leurs écrans de téléphone à faire danser les secondes sur le tapis de la procrastination insoucieuse... Mais moi, je vois l’invisible, je vois les chaînes de la servitude volontaire qui partent des écrans et les lient comme des chiens, des bêtes, des esclaves. Ils sont courbés, ils se font balader comme des toutous par les téléphones qu’ils trimballent: toujours des petits sourires, des froncements de sourcils, du blêmissement, alors qu’ils sont seuls face à leurs écrans. À la vie se substitue un jeu vidéo où chacun joue son stock d’émotions, sa réserve d’expressions et aussi ses ressources financières...
Les gens passent moins de temps dans le monde réel pour se réfugier dans la broyeuse digitale à scroller, liker, commenter, whatsapper, facebooker, instagrammer, pentagrammer, troller, envoyer des charmes, matcher... Plonger de plus en plus dans les cercles de l’enfer en forme de tapis roulant sur du sable mouvant...
Cette grognasse est un monstre, un démon...
Monstra impune occiduntur, dans ta gueule poufiasse! Oui, on doit pouvoir tuer les monstres impunément... Ah! Jésus Christmas!
Ils sont où les humains, les loyaux, les justes et les décents?
C’est à la folie que je vais demander mon baume...
Qui m’a trahi?
Montons dans l’or, montons dans le sacre: vers le soleil, peut-être qu’il nous brûlera et dans le feu nettoiera la vermine qui mange le parchemin de ma peau...
Qui m’a trahi?
Les femmes...
La cautèle!
Les femmes...
La Palinodie !
Ma suffragette est partie avec sa tirelire, je ne sais plus où mettre mon liquide... Ha! Ha! J’étais vide et elle était pleine... Maintenant, je suis plein et elle est vide.
Je suis un monstre, oui, pas le pire, mais un monstre. Je veux faire ma photo à la Sgt. Pepper, ils sont où Gog et Magog?
J’ai besoin des autres spécimens, les dégénérés, les raclures de capote, les terminés au glaviot, la vermine grouillante et sans pattes, les vampires capitalistes, les putes de Babylone-Bousbir, les obséquieux de l’establishment avec un spaghetto trop cuit à la place de la colonne vertébrale, les roitelets sur leurs monticules de détritus... Ils sont où? J’en ai besoin pour ma photo à la Sgt. Pepper’s Lonely Couilles Club Band...
Et les petites bites du Ku Klux Klan, et Charles Manson, ils sont où Jubelo, Jubela et Jebulum? Il y a un Hiram Abiff à zigouiller si vous voulez!
Je ne veux que du beau spécimen tératologique, que du partage en couille génétique, que de la dégénérescence terminale, que du Miracle Mile, que du point de non-retour...
À moi le Minotaure, et on ne prend pas du papier mâché de chez l’oncle Stan Lee ou son voisin Jack Kirby, de la pâte de papier journal poisseux... Pas de ça ici... Pas de papier avec de la bile de morveux...
Elles sont où les choses pas commerciales?
Tu piges que dalle?! Va te faire emmancher!
Tu es un homme sain, tu n’as pas la morve, des aphtes ou la rage et tu comprends pas? Ne te goure pas de catastrophe, ce sera trop le caca de te gourer de fin du monde...
Alors, vous voulez que je parte en un long solo d’épilepsie pour me laisser vous posséder? Je peux, j’ai l’habitude des paris foireux et des jeux tartes.
Elles sont où mes gueules d’amour pour le revival de Sgt. Pepper? J’appelle à la barre Yōkai, Quetzalcóatl, le serpent à plumes, la route 666, le serpent Jörmungand...
Les blattes, les cloportes et la vermine m’entourent, on dirait que je suis un cadavre en décomposition...
Des morbaques...
Des morbaques sur ma barbaque! Ha ha!
«Vous sentez-vous éternel?»
Je sens surtout la graisse de mes couilles qui m’alourdit l’âme...
22 millions de milliards de spermatozoïdes sont gaspillés chaque jour dans le monde, et avec ça, il y a quantité de gens terminés au glaviot ou à la pisse un peu partout. Étrange!
Voilà une bonne nouvelle! Je suis mort! Kaput! C’est pourquoi les ténèbres s’immiscent dans mes rêves et les badigeonnent d’obscurité...
« Vous sentez-vous éternel? »