«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.
Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse Internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.
L’idée continue de me tarabuster J’ai oublié quelque chose sur le feu. J’en suis presque sûr maintenant. Je me rappelle totalement avoir allumé le gaz, mis de l’eau dans une marmite et des nouilles aussi. Aucun doute là-dessus. Je demande aux stakhanovistes de la CIA de me laisser me vider la vessie.
Un besoin morbide de me dégourdir les jambes. «Planomanie», qu’on l’appelle cette cochonnerie… Les cons me laissent partir avec ma bombe de peinture dans la poche. L’obscure harmonie des choses. Je me regarde dans la glace: ils ont hissé les couleurs de mes joues flasques à force de tension. J’ai plus souffert que ma fierté me le laisse avouer. Ils sont doués avec la viande, les pleutres. A trois contre un!
Les couleurs du joufflu de mes joues du dos aussi sont hissées! Ils m’ont pas raté, à force de méthode Coué, encore un pharmacien, toujours ces pharmaciens Homais! La chienlit! Le coup de la bénédiction urbi et orbi dans ta gueule avec les compliments de tonton Trump, encore un fonctionnaire qui n’est accusé d’aucune forfaiture… Ha ha! Je suis sûr que j’ai oublié quelque chose sur le feu chez moi, cette idée me termite la cervelle, mes pensées s’effritent, mon attention est grappillée, je ne peux plus contrer cette idée, le wasswass me submerge et me remplit d’une appréhension terrible, ma digue cède! Mon ego fait des siennes.
Toujours ce trait de caractère berbère: une certaine défiance à l’égard des illusions du palpitant, ce cœur qui ne me fait vivre que pour me crisper l’âme et me la froisser comme les draps d’un hôtel de passe. Je sais que ce n’est même pas important si le feu prend à ma baraque; je n’y ai laissé que des souvenirs de la Pute de Dos. Que des photos et des polaroïds en mode analogique sur papier brillant.
Ça fera un joli autodafé. On brûle bien les sorcières! Je sors ma bombe de peinture et je dessine un cercle sur le mur, ouvrant une porte de téléportation vers mon salon. Me voilà parti! L’impression d’avoir quitté le cours de ma vie depuis hier! Derechef, je suis chez moi.
Je traverse mon salon pour me retrouver dans ma cuisine: voilà, j’ai bien laissé le feu allumé, j’ai juste oublié de mettre la marmite sur le feu! Un acte manqué! Rien n’est brûlé! La sorcière a échappé au bûcher… On verra si elle flottera, une fois jetée dans la première mare de pisse… Sur le mur, il y a cette expression stupide: Une révolution un peu teuf! Une teuf un peu révolution! Quand je gratte je trouve un collage pernicieux: «On n’établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution, on fait une révolution pour établir une dictature» Orwell Or Notwell.