«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.
Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.
«C’est une catastrophe qui descend des montagnes hallucinées des Big Data fondant comme de la mauvaise graisse... J’ai fait perdre au monde sa tête pour revenir à ce monde où les seules data enregistrées sont les informations bancaires. Tous ceux qui ont bâti des empires sur le digital ont été effacés d’un clic par un virus vorace qui a mangé toutes les interactions, comme un Pac-Man hargneux et enragé.
Ils me font de la peine, la petite influenceuse aux quelques millions d’abonnés qui cessent de l’être, le chanteur de Despacito qui a perdu ses milliards de vues sur YouTube, l’ex-président Mickey Trump qui voit disparaître les électeurs, haters ou bashers sur son feed twitter... J’ai rendu le monde orphelin des interactions virtuelles pour le laisser se fracasser dans la réalité bétonnée du monde analogique.
Après la période du sida durant laquelle personne ne pouvait plus enfiler qui il voulait ou pouvait, le coronavirus a ajouté un mètre de distance dans les interactions entre les gens, réinventant le principe de la bulle personnelle, et voilà qu’on se regarde en chiens de faïence, chacun depuis sa solitude.
J’ai cassé ce monde où tout le monde était le gourou d’une secte dont les disciples sont appelés followers, un monde où on pouvait acheter des ami.e.s imaginaires par pack en ou en paquet de «vues» cultivés dans des click farms certifiés bio... Cette époque pathétique touche à sa fin et le ciel se dégage des nuages toxiques des data algorithmiques inutiles qu’on pose sur le manque d’estime de soi érigé en religion frénétique comme du sparadrap Mickey
Mouse sur une dépression...
J’ai apporté l’apocalypse, la révélation au monde digital. Je ne suis qu’un révélateur chimique médiocre d’une époque empoisonnée, je n’ai pas tellement de mérite. J’ai cassé Internet!
Et c’est irrémédiable, personne ne pourra récupérer les données ou restaurer les vies passées des gens sur la toile. Le game over est définitif. Comment les flics qui vont dégringoler sur moi en cascade vont-ils essayer de savoir comment j’ai fait?
Ceci n’est qu’un geste inutile dans une vie de gloire, mais aussi une manière de faire le deuil du passé pour synthétiser les rayons d’espoir du futur...
Pour le moment, comme coupé de mes racines profondes par un coup de sécateur, je ne sais pas où j’en suis...»