La ville de Marrakech vibre au rythme de la Biennale d’art contemporain de Marrakech. L’évènement Marrakech Biennale, comme l’appellent les initiés, a débuté mercredi 24 février. Le coup d’envoi de la manifestation a été donné à 15 heures au palais Bahia dans l’ancienne médina et durera jusqu’au 8 mai.
Pour la première fois, la Biennale a englobé et réuni plusieurs évènements dans l’évènement. Ainsi, et c’est une première, l’organisation de la manifestation a décidé d’abriter cette année sous son aile le festival des arts de la rue “Alwanart” et le festival de danse contemporaine “On marche”. Ces deux évènements culturels déjà réputés s’adaptent en réalité bien à l’esprit de la Biennale qui n’est pas limité à une seule expression artistique, mais s’intéresse à toutes sortes de formes contemporaines sous un thème fédérateur:«Quoi de neuf là».
La Biennale en chiffresPour résumer, l’organisation de la Biennale annonce des chiffres clés pour cette sixième édition avec pas moins de 40 expositions, 50 emplacements, 400 participants et 140 évènements. Les différents lieux où se déroule la manifsetation sont consacrés chacun à un mode d’expression: arts visuels et sonores, halqa, lectures de contes et cafés littéraires, spectacles de danses, expositions de peintures, projections de films…
La Biennale comme l’ont voulu les organisateurs est accessible à tous.
Les différentes activités au programme, que ce soit la rubrique officielle ou le OFF sont gratuits. «Cette année, la biennale est gratuite pour tout le monde», avait déclaré Amine Kabbaj, le président de la biennale à une semaine de l’évènement dédié cette année à la mémoire de la photographe marocaine Leila Alaoui, décédée suite à l’attaque terroriste de Ouagadougou en janvier dernier.
Cette accessibilité à tous, claironnée par le président du festival, ressemble du reste davantage à un slogan. Sur le site de la Biennale, plusieurs prestations sont proposées au public pour des sommes variant entre 200 et 450 euros.
Au cœur de la BiennaleAu sein de l’exposition principale du programme officiel de la biennale, la commissaire Reem Fadda, curatrice associée à la Fondation Guggenheim à New York, a inclus plusieurs artistes du Maroc, du Moyen Orient et même de l’Afrique subsaharienne. Dans le lot, on retrouve Talal Afifi, Tarek Attoui, Ytto Berrada, Farid Belkahia, Mohammed Melehi, Mohammed Chabaa, Ahmed Bouanani, Dimedo Sheshe Bopape, Manthia Diawara, Ali Essafi, Khalil Ghrib, Sam Gilliams, David Hammos, Bouchra Khalili, Oscar Murillo pour ne citer que ceux-là.
Les œuvres de ces artistes sont présentées dans le très beau palais Bahia. Un palais tellement beau et aux ornements tellement présents qu’il en écrase les œuvres exposées. Le jour de l’inauguration, les visiteurs regardaient avec plus admiration le zellige et l’ébénisterie très fine des plafonds que les œuvres. Les travaux des artistes étaient dominés par les lieux et seuls quelques œuvres ont pu imposer leur présence dans un lieu aussi chargé. Une mention particulière à la très belle exposition autour du manifeste de la place Jemaa El Fna auquel avaient pris part en 1969, les peintres Farid Belkahia, Mohammed Chabaa et Mohammed Melehi entre autres. Ainsi qu’à l’aile réservée au cinéaste Ahmed Bouanani.
Autre œuvre qui mérite une mention particulière, celle de Fatiha Zemmouri au palais Badi. Cette artiste a suspendu une énorme pierre dans une allée du palais entre deux murs. Le résultat est impressionnant et on ne peut marcher sous cette roche suspendue sans s'inquiéter qu’elle nous tombe sur la tête. Interrogée sur la matière qu’elle a utilisé pour la réalisation de cette œuvre, Fatiha Zemmouri répond: «C’est ma cuisine intime».
Les projets parallèles
Côté projets parallèles, ce sont 32 travaux d’artistes de plusieurs continents qui ont été sélectionnés pour participer à cette bBennale. Ces projets ont été soutenus par plusieurs partenaires, des sponsors aussi bien privés que publics. Les institutions, comme l’Institut français, le ministère de la Culture, quelques banques, quelques fondations privées comme Artjammel d’Arabie Saoudite ont mis la main à la poche pour financer cette édition qui devrait mobiliser selon les prévisions des organisateurs un budget de 15 millions de dirhams.
Cette sixième édition de la Biennale de Marrakech semble être celle de la maturité. Un événement qui comptera non seulement dans le calendrier culturel de la ville ocre, mais aussi dans celui du royaume.