Cette exposition, dont le vernissage a eu lieu jeudi soir dans la capitale espagnole en présence d’un parterre de personnalités du monde de l’art et de la culture, se veut un hommage à la carrière de Leila Alaoui en tant qu’artiste mais aussi que personne engagée, plus de trois ans après sa disparition dans les attentats de Ouagadougou perpétrés du 15 janvier 2016.
La célèbre série photographique "Les Marocains", se dévoile au grand public à Madrid, dans le cadre de la 22 ème édition du Festival "PHoto España" et en collaboration avec l’ambassade du Maroc en Espagne. Elle donne à voir une trentaine de portraits réalisés entre 2010 et 2014 à travers le Royaume et qui mettent en exergue la pluralité culturelle du Maroc ainsi que la forte dimension picturale des images de Leila Alaoui.
"Puisant dans mon propre héritage, j’ai séjourné au sein de diverses communautés et utilisé le filtre de ma position intime de Marocaine de naissance pour révéler, dans ces portraits, la subjectivité des personnes que j’ai photographiées", avait souligné Leila Alaoui à propos de cette exposition.
Comme dans le portrait classique, la place prise par le vêtement, qu’il soit somptueusement coloré ou banalement quotidien, fait presque oublier la présence des corps dans ces portraits de Leila Alaoui.
Il s’agit de la série qui a rendu célèbre Leila Alaoui, a souligné le commissaire d’exposition Guillaume de Sardes, relevant que les images présentées, qui ont été faites dans tout le Maroc, témoignent de la manière dont les Marocains s’habillent de manière traditionnelle.
Lire aussi : Rabat. Portraits stylisés: l’autre Leila Alaoui
Cette exposition, qui a été présentée au Musée Yves Saint Laurent de Marrakech, est influencée à la fois par des grands noms de la peinture classique comme Jan van Eyck et Rembrandt, ainsi que par des photographes dont Leila Alaoui revendiquait l’influence, notamment l’Américain Richard Avedon et son compatriote Robert Franc, qui avait réalisé la célèbre série photographique "Les Américains", a-t-il ajouté dans une déclaration à la MAP.
La présidente de la Fondation Leila Alaoui, Christine Alaoui, a souligné que cette exposition représente un projet sociologique et anthropologique, à travers lequel la défunte photographe voulait immortaliser toutes ces traditions marocaines qui disparaissaient.
"C’est un projet qui est montré dans plusieurs pays du monde", a ajouté la mère de Leila Alaoui, relevant que sa fille, qui était une artiste très engagée, "est devenue une icône mondiale de la photographie sociale", ajoutant que l’engagement et l’amour dont elle a fait preuve durant sa vie lui reviennent maintenant à travers des expositions comme celle de Casa Arabe.
Évoquant la Fondation Leila Alaoui, elle a indiqué qu’elle a été créée pour continuer l’œuvre de Leila ainsi que pour promouvoir toutes les idées et principes qui lui étaient très chers.
"Nous avons trouvé un lieu où nous allons baser la fondation et où nous pourrons organiser des expositions, inviter des artistes engagés dans l’œuvre sociale et donner des conférences et des ateliers pour les enfants défavorisés", a conclu Mme Alaoui.
Photographe et vidéaste marocaine (1982-2016), Leila Alaoui a étudié la photographie à l’université de la ville de New-York. Son travail explorait la construction d’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen.
Elle utilisait la photographie et l’art vidéo pour exprimer des réalités sociales à travers un langage visuel qui se situe aux limites du documentaire et des arts plastiques.
Son travail est exposé internationalement depuis 2009 (Art Dubai, l’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la Photographie à Paris) et ses photographies publiées dans de nombreux journaux et magazines, y compris le New York Times et Vogue.
L’engagement humanitaire de Leila Alaoui incluait, entre autres, des mandats photographiques pour des ONG reconnues comme le Danish Refugee Council, Search for Common Ground et le HCR.
En janvier 2016, alors qu’elle était mandatée par Amnesty International pour réaliser un travail sur les droits des femmes au Burkina Faso, Leila Alaoui a été victime des attaques terroristes de Ouagadougou du 15 janvier 2016.