«Après toutes ces années passées à pratiquer l’Ahidouss, je n’en ai tiré aucun profit.» Par cette phrase laconique, Moha Oulhoucine Achiban résume sa situation actuelle. Le Maestro vit aujourd’hui dans le besoin, comme a pu le constater de visu Le360 pour s’être rendu à son domicile à Khénifra.Le Maestro peine à prononcer les mots. L’usure du temps a prise sur lui. De même que la maladie le terrasse. Au crépuscule de sa vie, le pionnier et doyen de la musique populaire amazighe mérite reconnaissance et gratitude.
D’autant plus navrant qu’il risquait la prison à cause d’un chèque impayé qu’il avait donné comme garantie des frais d’hospitalisation de son fils. N’eût été la sollicitude royale de Mohammed VI qui a réglé le montant du chèque, cette figure emblématique de l’art amazigh se serait trouvée sur la liste des criminels recherchés par la police.
Une vie entièrement dédiée à l’art
Né à Azrou en 1916, Moha Oulhoucine Achiban a pris part à la résistance. Début des années 50, il entame son parcours artistique qui fera de lui le maître incontesté de la danse de l’Ahidouss. Un parcours l’ayant mené à voyager dans les quatre coins du monde, où il a été le digne représentant de l’art amazigh marocain. Subjugué par son art, le défunt président américain Ronald Reagan le surnommera «Le Maestro».
Moha Oulhoucine Achiban continuait à se produire sans relâche jusqu’à ce qu’il soit terrassé par la maladie, suite à une crise cardiaque en 2012, sachant qu’il avait subi 9 ans auparavant une opération chirurgicale au niveau du cœur.
Aujourd’hui, alors que la maladie l'affaiblit et qu’il est dans l’incapacité de se reproduire sur scène, un hommage digne de son talent doit lui être rendu.
C’est ce qu’ont souligné unanimement les internautes marocains, réagissant au reportage vidéo de Le360 et au geste royal.
«J’aime ce grand Monsieur car il m’a fait aimer l’Ahidouss. C’est vraiment un maître dans son domaine. Quand il dirige sa troupe, il dégage du génie tellement il maîtrise le rythme», écrit Aufik Harrag sur notre page Facebook.Mostapha Chicar, lui, estime que le Maestro représente les Imazighanes authentiques. «Il représente une tradition millénaire qui risque de disparaître. Heureusement qu’il nous reste les images, on pourra toujours les regarder avec nostalgie», écrit-il.
Les réactions des internautes abondent, toutes aussi révélatrices les unes que les autres.
Moha Oulhoucine Achiban mérite, surtout à son âge, d’être reconnu à sa juste valeur.