Bernardo Bertolucci, considéré comme l'un des derniers géants du cinéma, avait remporté l'Oscar du meilleur réalisateur en 1988 pour "Le Dernier Empereur".
Créateur fécond, dont la fresque "Novecento" ("1900") a acquis le statut d'oeuvre classique majeure dans son pays, est aussi celui par qui le scandale, et la polémique, sont arrivés avec "Le Dernier tango à Paris", réalisé en 1972 à Paris.
Alors véritable légende vivante, Marlon Brando y interprétait un de ses derniers rôles. Une scène de sodomie avait fait scandale et provoqué l'interdiction du film en Italie. La jeune actrice Maria Schneider, âgée de 19 ans au moment du tournage, en avait été profondément marquée, le réalisateur ayant raconté par la suite que l'actrice n'avait pas été complètement avertie avant le tournage du contenu de cette scène.
Bernardo Bertolucci était aussi l'un des rares réalisateurs italiens à avoir beaucoup tourné à l'étranger.
A Paris, décor de son dernier film, "The dreamers" (2003), mais aussi la Chine avec "Le Dernier Empereur", l'Afrique avec "Un thé au Sahara" ou encore le Bhoutan avec "Little Buddha".
Né le 16 mars 1941 à Parme, cité raffinée du nord de l'Italie où il situera "Prima della Revoluzione" (1964, prix de la critique à Cannes) Bernardo Bertolucci a grandi dans un milieu aisé et intellectuel.
Il a la révélation du cinéma en voyant "La Dolce Vita" de Federico Fellini. Son père, poète, professeur d'histoire et critique de cinéma, lui offre sa première caméra 16 mm à 15 ans.
Après le scandale, mais aussi le succès du "Dernier Tango à Paris", Bertolucci dispose d'assez de moyens pour tourner sa grande fresque historique, "Novecento", une de ses oeuvres majeures qui embrasse près d'un siècle de lutte des classes dans la riche plaine du Pô à travers le destin de deux amis d'enfance. Le film est porté par un prestigieux casting international (Robert De Niro, Gérard Depardieu, Burt Lancaster, Dominique Sanda).
La consécration de ses pairs lui viendra avec "Le Dernier Empereur", tourné en 1987 et qui lui vaudra neuf Oscars.
"C'était le dernier empereur du cinéma italien, le seigneur de toutes les fresques et de toutes les frasques. La fête est finie: il faut être deux pour danser le tango", a déclaré ce lundi Gilles Jabob, ancien président du Festival de Cannes, qui avait remis une palme d'honneur à Bertolucci en 2011.