"Je reçois beaucoup de menaces", a affirmé à l'AFP la comédienne de 30 ans, qui a quitté le Maroc pour la France en novembre après une agression. "J'ai peur, mais comme on dit au Maroc, je n'ai pas la honte. Je ne vais jamais arrêter de faire des films et de dire ce que j'ai envie de dire".
"Much Loved" de Nabil Ayouch, film sur la prostitution dont elle tient le rôle principal, a été interdit au Maroc en mai pour "outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine".
Il a suscité une vive polémique et de violentes attaques contre l'équipe du film. "C'était choquant" car "ça reste un film", résume-t-elle.
"Après mon agression et mon arrivée en France, j'ai compris que ça n'allait jamais s'arranger" car "certains redoublent d'efforts pour dire du mal de moi", ajoute-t-elle, évoquant "quelques journalistes et artistes marocains".
Au Maroc, "ils ne se rendent pas compte de ce que c'est de ne pas être acceptée chez soi et d'être reçue comme une reine partout dans le monde", lance l'actrice, qui a commencé sa carrière en 2009 au théâtre, à la télévision et au cinéma dans son pays.
"Fatiguée", la comédienne dit cependant vouloir "avancer", indiquant préparer son prochain film, un long métrage dans lequel elle doit jouer aux côtés de l'actrice belge Lubna Azabal ("Incendies"), et préparer un livre qui sort en mai.
"C'est un livre qui raconte mon histoire. C'est aussi sur la polémique et sur ce que je pense de l'islam radical", dit l'actrice qui dit vouloir "rester en France à vie" et faire actuellement des démarches alors que son visa de court séjour a expiré.
Première actrice marocaine nommée aux César, Loubna Abidar se dit aussi "très fière d'être arrivée jusque-là" pour son rôle de prostituée, dont elle dit qu'il est "le rôle de sa vie".
"Les César, je n'avais même pas oser en rêver", ajoute-t-elle. "J'arrive du Maroc avec un film scandaleux, je suis au milieu de très grandes actrices, c'est le plus beau cadeau que j'attendais de la planète".