Originaire d’Al Hoceima, Zoubida Boughaba Maalem a passé un sale moment la semaine dernière.
Invitée à animer une conférence dans le préside occupé de Melilla, le lundi 13 janvier dernier, jour de l’An amazigh, pour présenter Cuentos populares def Rif (Contes populaires du Rif), son ouvrage, paru en espagnol au cours de l'année 2003, celle qui est aussi une militante de la lutte pour les droits des femmes s'est vue attaquée, voire menacée de mort, sur les réseaux sociaux.
Toutefois, contrairement à ce qui a été relayé par plusieurs médias marocains, la conférence n’a pas été annulée.
L'écrivaine a bien présenté son ouvrage devant une assistance à Melilla, à la date prévue, et sans que l'évènement ne souffre d'aucun couac, mais elle "reste particulièrement touchée par le mouvement de haine dont elle a été victime".
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Les auteurs de ces intimidations virtuelles sont, à l'origine, les membres d'une ONG islamiste qui sévit dans le préside, la Commission islamique de Melilla (CIM), dont les militants ont aussi publié un message, dans lequel ils ont interdit la venue à Melilla de l’écrivaine, qu'ils ont accusée d’islamophobie.
"C’est une personne connue pour ses déclarations islamophobes. Elle prétend que le hijab opprime les femmes musulmanes, les dégrade et les rend invisibles", a notamment dénoncé Mohamed Ahmed Moh, président de la CIM, dans une lettre de protestation adressée à la conseillère à la Culture, qui fait partie des autorités qui administrent ce préside occupé.
Suite à l'action de cette organisation, connue pour son ton radical, un mouvement haineux s'en est suivi sur les réseaux sociaux, et plusieurs internautes ont cru bon de soutenir la CIM, en portant atteinte à la dignité de l'écrivaine.
Interrogée à ce sujet par Le360, Zoubida Boughaba Maalem raconte avoir ressenti, à la suite de cette mésaventure, "un sentiment de peur et d’injustice qui a failli {la} pousser à renoncer à {sa} conférence".
Il faut dire que les autorités qui administrent le préside occupé n’ont pas pris en considération les critiques formulées par l'ONG islamiste, et l’écrivaine s’est donc finalement présentée à Melilla, lundi dernier, pour animer sa conférence comme prévu.
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"Je suis choquée de voir autant de haine gratuite. Je ne suis ni islamophobe, ni contre le hijab. De par mon travail de médiatrice interculturelle, et de collaboratrice avec la Croix-Rouge, je passe mon temps à faire de la médiation, pour permettre à des femmes voilées de trouver un travail, ou d’être acceptées telles qu’elles sont dans la société espagnole", explique Zoubida Boughaba, qui rejette en bloc les accusations proférées à son encontre par les islamistes de Melilla.
Pour présenter son livre, Zoubida Boughaba a déjà animé plusieurs conférences au Maroc, dont à Rabat, à Marrakech ou encore à Al Hoceima.
"Il est étonnant de voir que la liberté d’expression est plus ouverte au Maroc qu’à Melilla, ville soi-disant européenne", s'étonne-t-elle.