La soirée d’ouverture de cette grande manifestation, qui se poursuit jusqu’au 23 avril, a été marquée par la projection du long-métrage "Fadma" en présence de son réalisateur Ahmed El Maânouni, un film qui a remporté en mars dernier le Prix de la Réalisation au 18ème Festival National du Film de Tanger.
La célébration du cinéma marocain lors de cette 33ème édition du festival, organisée en partenariat avec le Centre culturel marocain "Dar Al-Maghrib" à Montréal et la Royal Air Maroc (RAM), se veut aussi une occasion pour mettre en valeur et promouvoir auprès du public canadien le cinéma national qui est en plein essor.
Intervenant à cette occasion, la Consule générale du Royaume du Maroc à Montréal, Habiba Zemmouri a souligné qu’après les éditions de 1986 et 2006, le Maroc exprime sa grande fierté à l’hommage qui lui est rendu pour la 3ème fois par "Vues d’Afrique", affirmant que ce choix met en avant l’évolution du cinéma marocain qui, grâce à des talents qualifiés, n’a cessé de progresser et est de plus en plus sélectionné et honoré dans les festivals internationaux.
"Etre à l’honneur du Festival Vues d’Afrique est un événement qui a toujours suscité la fierté du Maroc", a poursuivi Mme Zemmouri, relevant que l’année 2017 prend une dimension assez particulière car elle coïncide avec le retour triomphal du Royaume au sein de sa famille institutionnelle, l’Union Africaine.
Ce retour, qui témoigne de la vision Royale de SM le Roi Mohammed VI, réaffirme l’ancrage du Maroc dans son continent, à travers la consolidation des liens historiques, économiques, spirituels et culturels avec les pays africains, a-t-elle dit.
Elle a ajouté que le festival "Vues d’Afrique", grâce à un programme riche et diversifié, a su, au fil des années, faire découvrir et redécouvrir aux cinéphiles québécois et canadiens la richesse d’une culture africaine authentique, et oeuvré avec succès pour que le cinéma africain s’affirme et se dévoile au reste du monde.
De son côté, le directeur de Dar Al-Maghrib, Jaâfar Debbarh a indiqué que le Maroc affiche depuis longtemps l'une des productions cinématographiques les plus florissantes du continent africain et accueille, depuis de nombreuses années, des productions internationales, notamment dans ses studios à Ouarzazate et à Casablanca.
Il a, aussi, mis en exergue la longue tradition des tournages étrangers au Maroc et l’importance de l’industrie cinématographique dans le Royaume qui constitue un exemple en la matière dans le Maghreb et en Afrique en général.
M. Debbarh a fait savoir que le Centre culturel marocain s’est naturellement associé à cette manifestation internationale qui se veut une vitrine de la production cinématographique africaine, soutenant que c’est également pour le Centre l’occasion de confirmer son ouverture sur la culture africaine dans toute sa diversité et son rôle de plate-forme d’échanges et de rapprochement entre les cultures et religions.
Pour sa part, la marraine du festival, la chanteuse maroco-canadienne, Leila Gouchi, a affirmé que la tenue de cette édition avec le Maroc à l’honneur témoigne de la contribution du Royaume au processus de l'évolution de la société par la culture.
Elle s’est dite, par ailleurs, convaincue que le cinéma a la capacité de sensibiliser positivement le public à travers les nombreux films qui contribuent au processus de développement par les messages dont ils sont porteurs, éveillent les consciences et participent au changement des mentalités, et aussi de véhiculer les nobles valeurs de coexistence pacifique et constructive, de dialogue entre les cultures et de vivre-ensemble harmonieux.
Mettant en relief l’apport de la culture marocaine au sein de plusieurs initiatives africaines, Mme Gouchi a noté que ce festival est une merveilleuse opportunité de s’instruire et d’échanger avec de grandes femmes et de grands hommes sur l’Afrique d’aujourd’hui et de demain, à travers les projections des films et les diverses activités artistiques et culturelles programmées.
De son côté, Laila Tounzi, représentante du Centre Cinématographique Marocain (CCM), a indiqué que l’attention particulière apportée au cinéma marocain lors de ce festival est un honneur et une très belle occasion pour faire découvrir la richesse et la diversité culturelle du Royaume, rappelant qu’en décembre 2015, le Canada était à l’honneur au Festival international du Film de Marrakech, avec la présence de 30 professionnels venus présenter 34 films canadiens.
Mme Tounzi a ajouté que grâce aux efforts déployés par les professionnels et l’Etat marocain, le cinéma national a connu une "avancée significative", soulignant que les films marocains sont présentés lors de grands festivals internationaux comme Cannes, Venise et Berlin, sachant que beaucoup d’autres manifestations de par le monde, comme "Vues d’Afrique", font du Maroc le pays invité d’honneur.
Evoquant la production cinématographique marocaine (jusqu’à 25 longs métrages et une centaine de courts-métrages par an), elle a aussi affirmé que depuis 1919, le Maroc est devenu une destination "privilégiée" de plusieurs producteurs internationaux tels David Lean, Alfred Hitchcock, Ridely Scott, John Houston, Orson Welles, Martin Scorsese et Tony Scott.
Les autres intervenants, notamment Géraldine Le Chêne, Directrice générale du festival et Yanick Létourneau, réalisateur et producteur québécois, parrain de cette manifestation, ont souligné l’importance de ce festival qui, grâce à sa programmation riche et diversifiée avec à l’affiche 105 films (fictions, documentaires, longs et courts-métrages) représentant 37 pays, offre une vitrine exceptionnelle pour découvrir et apprécier le cinéma d’Afrique dans toute sa richesse et sa diversité.
Ils ont aussi insisté que la culture et plus particulièrement le cinéma constitue, en cette époque, un moyen de déconstruction des discours de division et des préjugés, ajoutant qu’avec l’émergence d’un cinéma issu du continent africain, le festival "Vues d’Afrique" demeure l’une des rares fenêtres que l’on possède sur ce qui se passe outre-Atlantique.
Par la suite, l’assistance, qui a répondu très nombreuse, a suivi la projection du long-métrage "Fadma", un film populaire qui réunit un casting de premier plan autour de la grande comédienne Fadela Benmoussa qui partage la vedette avec l’artiste Abderrahman Ouaabad "Eko" dans son premier rôle à l’écran.
Produit par Abdelfattah Arrom et dont les péripéties se déroulent entre Marrakech et la France, cette comédie familiale raconte l’histoire de Fadma, une femme marocaine active (guide touristique) qui tient aux valeurs de son pays et qui s’est sacrifiée pour élever seule ses deux enfants après la mort de son mari il y a 25 ans: Ahmed (Mouhcine Malzi), celui qui a réussi en France et Karim (Eko), l’artiste farfelu qui vit encore à ses crochets.
Pressentant un danger imminent autour du fils aîné qui fait sa fierté, elle décide de lui rendre visite en France et découvre sa petite-fille Julie-Aicha (Inès Arrom), une adolescente de 14 ans à la recherche de son identité.
Né en 1944 à Casablanca, Ahmed El Maânouni est auteur, réalisateur, directeur de la photographie et producteur. Il a suscité l’attention internationale lorsque son film "Transes" (Al Hal) a été honoré et présenté par Martin Scorsese au Festival international du film de Cannes en 2007 pour inaugurer la World Cinema Foundation.
Ses films comprennent l’un des titres les plus emblématiques du cinéma marocain "Alyam Alyam" (1978), premier film marocain sélectionné au Festival international du Film de Cannes et Grand prix du Festival de Mannheim (Allemagne).
Son film "Les coeurs brûlés" (Al Qoloub Al Mohtariqua) (2007) a remporté le Grand Prix du Festival national du Film et a été couronné par de nombreux prix internationaux.
Il a également fait de nombreux films documentaires qui interrogent constamment l’histoire et son impact sur la mémoire marocaine.
Outre le long-métrage "Fadma", d’autres films marocains seront présentés lors de ce Festival, à savoir "Pluie de sueur" de Hakim Belabbes, "A mile in my shoes" de Saïd Khallaf, "Ima" de Hicham Regragui, "Raja Bent El Mellah" de Abdelilah Eljaouhary, "Aya va à la plage" de Maryam Touzani et "Bêlons" d’El Mehdi Azzam.
En marge de ces projections, "Vues d’Afrique" et Dar Al-Maghrib à Montréal organiseront un colloque sur la coproduction cinématographique en Afrique et le leadership du Maroc en matière de coproduction cinématographique.(