Changement climatique, épuisement des ressources naturelles: ce livre qui sort mercredi n'est pas un roman, mais un cri d'alarme sur l'état de la planète victime des assauts des activités humaines.
"L'élément déclencheur a été la démission de Nicolas Hulot, paralysé par le gouvernement, gouvernement lui-même au service des grands lobbies et des multinationales. C'est ça qui nous a menés à la catastrophe", explique la romancière à l'AFP.
Puis la COP24 sur le climat, en décembre, qu'elle qualifie d'"échec catastrophique", a finalement fait sauter le pas à cette historienne et archéozoologue de formation.
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Celle qui a été chercheuse pendant 15 ans au CNRS s'est alors plongée dans la science climatique, avec l'idée de mettre toutes les informations disponibles à portée de ses nombreux lecteurs.
"Je me suis dit peut-être que mon nom ne fera pas peur aux gens", malgré un sujet ardu et souvent anxiogène, explique-t-elle.
Mais elle a découvert que le problème qui désormais la "hante du matin au soir" était pire qu'elle ne l'imaginait.
"Je pensais être informée mais je me suis aperçue que j'étais presque aussi désinformée que les autres, et cette désinformation m'a scandalisée. Je la trouve criminelle", insiste-t-elle. "Ça me rend folle ! Si on s'y était pris il y a 40 ans, à commencer à faire progressivement les transitions, à booster la recherche, à abaisser les productions..."
Mais "les gouvernements sont pris comme dans une toile d'araignée, ils ne peuvent pas sortir de ce modèle productiviste de la surabondance", estime encore la romancière.
Épuisement des matières premières, pénurie d'eau, déforestation, émissions des gaz à effet de serre responsables du réchauffement... "L'humanité en péril - Virons de bord, toute!" (Flammarion) passe en revue les causes de l'état déplorable de la planète et les "bonnes pratiques" à adopter, toutes accompagnées de leurs possibles effets secondaires négatifs.
Parmi ses cibles principales, le système agro-alimentaire qui, notamment, "pompe" l'eau de la planète. Alors "je ne mange plus de viande", dit-elle.
Pour ne pas perdre son lecteur dans ces 200 pages de données, d'explications, de scénarii catastrophes, Fred Vargas s'adresse directement à lui.
"Comment vais-je me sortir de cette tâche insensée? De cette idée de m'entretenir avec vous de l'avenir du monde vivant? Comment vais-je me tirer de là? Je n'en ai pas la moindre idée, et vous non plus", écrit-elle à la première page.
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Et si ses fans ne l'attendaient peut-être pas sur ce créneau, elle assure avoir baigné dedans depuis toute petite. Grâce à son père, "naturaliste amateur de grand niveau", explique-t-elle à l'AFP.
"Il nous arrêtait devant chaque fleur, dans nos balades ils disaient «stop les filles, vous voyez cette petite fleur jaune à cinq pétales luisants et pointus au bout, ça s'appelle une ficaire et maintenant que vous savez son nom, vous ne marcherez plus jamais dessus»".
La romancière sait que ce nouveau livre, tiré à 80.000 exemplaires, risque de ne pas se vendre autant que ses polars. Le dernier, "Quand sort la recluse", a été écoulé à 540.000 exemplaires en grand format et 195.000 en poche, selon Flammarion.
Mais ce n'est pas pour autant qu'elle planifie une nouvelle enquête du commissaire Adamsberg. "En comparaison (de la situation de la planète), écrire un polar me paraît dérisoire", lance-t-elle.