Intitulée, «Pas de deux», l'exposition de Mahi Binebine consacre l’intimité de l’artiste avec la peinture depuis plus de trente ans. Elle marque la maturité d’une démarche dont le point focal est l’humain.
Comme nous l’explique Olivier Rachet, l’auteur du texte d’introduction du catalogue d’exposition, il existe dans les œuvres de Mahi Binebine «une seule et même histoire qui se raconte d’un espace à l’autre, faite de séparations, d’exils, de corps-à-corps fermes, mais aussi de réconciliations, d’enlacements et de fraternités retrouvées. La thématique si chère à l’artiste de l’enfermement n’est jamais loin, mais elle se déplace aujourd’hui sur le plan de la technique, à travers des milliers de clous construits artisanalement à partir de bois. Si l’on s’approche des bas-reliefs dans lesquels ces clous apparaissent, on pourra observer qu’ils ressemblent étrangement à des crayons, comme si le souci de la narration reprenait toujours le dessus».
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Et de poursuivre: «Les corps s’épousent, parfois amoureusement, mais ils sont aussi pris en étau, menacés toujours quelque peu d’écrasement. Ils donnent l’impression de pouvoir s’épanouir comme de simples fleurs s’ouvrant à la beauté du jour, dans la gratuité de leur éclosion, mais ils s’évertuent aussi à s’affranchir du cadre, à repousser les limites mêmes de leur état, qu’il soit social ou psychologique. S’agit-il d’évoquer les rapports Nord-Sud, les conflits déchirant le couple ou les fractures multiples d’une société dans laquelle l’injustice et le désordre règnent en maîtres? Sans doute un peu de tout cela tant l’intime renvoie toujours à l’universel, tant chaque être porte en lui, comme l’écrivait Montaigne, “la forme entière de l’humaine condition“».
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Mahi Binebine est né en 1959 à Marrakech. L’artiste s’installe à Paris en 1980 pour y poursuivre ses études de mathématiques qu’il enseigne pendant huit ans, avant de se consacrer à l’écriture et à la peinture. Il s’installe à New York de 1994 à 1999, puis revient à Paris qu’il quitte en 2002 pour rentrer à Marrakech. C’est dans la ville ocre qu’il puise la cire d’abeille et les pigments naturels qui confèrent une transparence unique à ses tableaux.
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La renommée de Mahi Binebine dépasse les frontières du Maroc et ses œuvres ont intégré de nombreuses prestigieuses collections dont celle du Guggenheim Museum (Etats-Unis), de l’Institut du monde arabe (France), de la Deutsche Bank (Allemagne), de la Fondation Kamel Lazaar (Tunisie) et du Musée Bank Al-Maghrib (Maroc).
Mahi Binebine vit et travaille à Marrakech.