Patrimoine, lieux incontournables et une mémoire vive: Essaouira, le nouveau hotspot pour touristes israéliens

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Depuis la reprise des relations entre le Maroc et Israël, Essaouira s’impose comme l’une des destinations de choix auprès des touristes israéliens. De Bayt Dakira, à la synagogue de Haïm Pinto, en passant par les vestiges de lieux de cultes juifs, retour sur ce patrimoine juif faisant partie intégrante de l’identité de l’ancienne Mogador.

Le 13/08/2022 à 14h33

A Essaouira, il n’a pas échappé aux observateurs avertis que la fameuse devise de bienvenue (Salam Lekoulam, Shalom Alaykoum) tissée en arabe et hébreu à l’entrée de la Maison de la mémoire (Bayt Dakira) a été renforcée d’une fresque baptisée «Oh My God», qui incorpore, du point de vue de l’artiste, la coexistence pacifique entre les trois religions monothéistes. «Bayt Dakira est avant tout un lieu de rencontre ouvert à tous. C’est un espace de vie de premier lieu et un pèlerinage de tous les visiteurs et une fierté pour les Marocains», s’enorgueillit Ghita Rabouli, directrice de l’établissement.

Cela en dit long sur la dimension spirituelle d’une ville qui s’est forgée, au fil des siècles, une identité singulière forgée par la convergence du judaïsme avec les civilisations berbère et arabo-musulmane. Une esquisse de l’histoire locale de ce judaïsme marocain, jalousement préservée à la Maison de la mémoire (Bayt Dakira), illustre le travail de mémoire propre à cette particularité singulière.

Essaouira est, en effet, la ville de Haïm Zafrani, écrivain prolifique qui s’est attaché tout au long de sa vie à faire le trait d’union entre juifs et musulmans. D’Edmond Amran El Maleh, intellectuel communiste engagé, fervent défenseur de la cause palestinienne qui se définissait comme «arabe francophile fier de son amazighité», ou d'André Azoulay, conseiller de feu Hassan II et du Souverain, et ce, depuis 1991, instigateur, par ailleurs, de Bayt Dakira.

Ce patrimoine immatériel que l’on retrouve dans le mellah, le vieux quartier juif d'Essaouira, attise particulièrement la convoitise de la communauté juive, en particulier des touristes israéliens. S’il est vrai que le flux de touristes en provenance de l’Etat hébreu s’est accru depuis la reprise des relations entre les deux pays, le Maroc a toujours été la destination de milliers de juifs d'origine marocaine désireux de retrouver la terre de leurs ancêtres. «Bien avant le rapprochement entre le Royaume et Israël, les juifs s'y rendaient déjà chaque année pour célébrer des fêtes religieuses ou effectuer des pèlerinages», explique Miloud Chacha, guide touristique actif localement.

Parmi, ces fêtes célébrées, il y a la «hiloula» en hommage au rabbin Haïm Pinto, natif d'Essaouira et dont la synagogue figure d’ailleurs parmi les lieux les plus prisés par la communauté juive en visite dans la ville. Ce lieu de culte nichée au cœur du mellah s’impose comme une étape indispensable dans le circuit proposé aux touristes.

En se perdant dans les dédales de la cité des alizés, difficile de faire fi du legs juif: portes arborant l’étoile de David dans le mellah, Grande porte de la nouvelle Kasaba, connue par les Souiris de Bab Lihoudi, ou encore, les vestiges des synagogues communautaires datant du XIXe siècle… Autant de symboles qui font de la cité bleue une destination privilégiée des touristes israéliens. 

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 13/08/2022 à 14h33