Bouzineb a reçu l’attestation de membre correspondant de l’Académie royale espagnole des mains du directeur de cette institution Santiago Muñoz Machado, à l’occasion d’une rencontre, à Rabat, entre le roi Don Felipe VI et la reine Doña Letizia d'Espagne avec des écrivains marocains ainsi que des spécialistes en études hispaniques.
La nomination de Bouzineb, en tant que membre de cet organe chargé de la normalisation de la langue espagnole, est une reconnaissance de sa contribution en tant que chercheur en langue espagnole notamment en philologie.
A cette occasion, ce professeur en linguistique qui a intégré en 1980 la faculté de lettres et des sciences humaines de l’Université Mohammed V à Rabat, s'est dit fier de cet "honneur", d'autant plus que cette institution ne comptait aucun chercheur marocain ou arabe.
"Je ne m'attendais pas à cette nomination", a-t-il déclaré à la MAP.
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S’agissant de ses liens avec la langue espagnole, le professeur universitaire, né à Al Hoceima en 1948, où il a commencé ses études, a indiqué qu’il appartient à la génération qui a étudié l’espagnol depuis le primaire, précisant qu'à l'époque les cours étaient dispensés en arabe et espagnol.
Il a en outre relevé que l’environnement dans lequel il a grandi, d'abord à Al Hoceima puis à M’Diq, où il a passé une partie de son enfance, lui avait permis d’être en contact permanent avec la langue de Cervantes en raison de la présence espagnole dans le nord du Maroc jusqu'après l'indépendance. Par la suite, Bouzineb s’est installé à Tétouan pour terminer ses études secondaires au lycée Al Qadi.
Titulaire d'un doctorat en philologie espagnole de l'Université autonome de Madrid, le nouveau membre de l'Académie royale espagnole a indiqué que sa spécialisation en Aljamiado concerne l’étude des textes anciens.
Le chercheur marocain a également mis l'accent sur la relation intense du Maroc avec l’espagnol, comme langue de formation, particulièrement au nord du Royaume durant la période coloniale et après l’indépendance, puis en tant que langue étrangère.
"L'histoire du Maroc est écrite en grande partie en langue espagnole”, a-t-il dit, en ajoutant que ce fait est bien connu des historiens et que les fonds d’archives espagnols regorgent de documents sur l'histoire du Maroc datant d'avant le début du XVe siècle, en particulier à l'époque saadienne. "Ces documents sont indispensables pour les historiens marocains", a poursuivi le professeur universitaire.
Revenant sur son expérience en tant que traducteur, Bouzineb a relevé que la traduction est un lien entre deux cultures qui exige "une crédibilité scientifique et une connaissance de la langue cible et celle d’origine".
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Il a souligné, dans ce sens, la nécessité de lire les textes fondamentaux dans la langue d’origine, en relevant à titre d'exemple que la "littérature andalouse" requiert une parfaite maîtrise de la langue espagnole de la part du chercheur, faute de quoi sa formation "ne sera que partielle".
Le professeur Bouzineb est chercheur en Aljamiado (le procédé qui consiste à écrire, au moyen de l’alphabet arabe, la langue romane des habitants de l’Espagne et du Portugal durant l'époque tardive d’Al-Andalus), en histoire mauresque, en archives concernant le Maroc et en traduction de l’arabe vers l’espagnol et à partir du français.
Actuellement membre du comité de rédaction de la revue "Histoire arabe", Bouzineb a contribué à la revue "Langues et littératures" et a été membre du Comité Averroès.
Parmi les oeuvres les plus connues du chercheur figurent "Recopilacion de refranes andalusi es de Alonso del Castillo" (Université de Cordoue, 1994), "La Alcazaba del Buregreg: hornacheros, andaluces y medio siglo de designios espan oles frustrados" (Editions ministère de la culture, 2006), ainsi que plusieurs articles scientifiques publiés dans des revues marocaines, espagnoles et françaises.
L'Académie royale espagnole avait approuvé la nomination de Bouzineb en tant que membre correspondant lors de son assemblée générale du 7 février 2019.
Le statut de membre correspondant permet de participer aux réunions des assemblées générales de l'Académie, durant lesquelles sont traitées des questions de littérature et de langue.