Les préparatifs de la première biennale d’art contemporain de Rabat avancent à grands pas. Cet événement très attendu, organisé par la Fondation nationale des Musées, présidée par Mehdi Qotbi, est prévu du 24 septembre au 18 décembre 2019 à Rabat.
Durant trois mois, plusieurs espaces d’art et lieux publics de la capitale seront investis par des œuvres et des projets, majoritairement inédits, créés par une soixantaine d’artistes plasticiens, des femmes et des hommes, ainsi que des architectes, des cinéastes, des chorégraphes ou encore des metteurs en scène.
En somme, une biennale totale, qui introduit l’art dans plusieurs espaces de la ville de Rabat.
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Le commissaire général de cette première édition de la Biennale de Rabat, Abdelkader Damani, Franco-algérien, et directeur du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) du Centre-Val-de-Loire, en France, a, à deux mois de l’inauguration de cet évènement, lancé un vrai défi aux artistes et aux professionnels: placer cette première édition parmi les rendez-vous qui comptent dans le monde.
«Il y a 150 biennales à travers le monde et il fallait trouver un thème innovant pour celle de Rabat, la première, pour qu’elle puisse se distinguer… », confie Abdelkader Damani, interrogé par Le360. Le thème n’est pas simple : «Un instant avant le monde». Un intitulé qui porte à se pencher autant sur ce qui a été, que ce qui est. Un intitulé qui porte aussi à réfléchir.
«On propose de réécrire l’histoire de l’art à partir du Sud. Cela peut paraître prétentieux, mais cela correspond tout simplement aux vraies conditions de création d’une œuvre d’art», explique Abdelkader Damani.
Le commissaire de l’exposition explique en effet qu’aujourd’hui, la tendance, dans l’art contemporain en Occident, est d’aller vers la rupture plutôt que la filiation. Alors que, insiste-t-il, la revendication de la filiation ne pose pas de problème dans les pays du sud. Ce qui peut être une source de création différente par rapport à ce qui se produit et ce qui est diffusé dans les pays occidentaux. Ce sujet fera d’ailleurs l’objet d’un grand débat intitulé «Agir sur la définition de l’art».
Les actes de ce colloque seront publiés après la clôture de la biennale.
La première biennale de Rabat a été réfléchie comme «un archipel», au milieu duquel se dresse une île centrale qui sera occupée par 60 artistes femmes. Les autres iles de l’archipel sont habitées de manière paritaire entre les hommes et les femmes.
Parmi les moments forts, on retiendra la carte blanche confiée à l’artiste Mohamed El Baz qui a invité un groupe de six artistes plasticiens, ouvrant ainsi des chantiers dédiés au street art. Ce qui donnera sans doute une allure festive à Rabat.
Les sites historiques de Rabat seront particulièrement à l’honneur: il convient de citer le musée des Oudayas, Borj Addoumoue à Salé et le fort Rottembourg (Borj Lakbir) surplombant l’océan Atlantique à Rabat.
Parmi les autres moments forts de la biennale, on dénombre l’hommage à l’immense cantatrice égyptienne Oum Kalthoum, à travers une rétrospective de son concert à Rabat en 1969; un focus sur la poétesse libanaise Etel Adnan; une exposition des dessins de l’immense architecte irakienne Zaha Hadid et un projet dédié à l’architecte norvégienne Manthey Kula.
Autant de moments qui cristallisent le parti pris pluridisciplinaire de la ligne curatoriale du commissaire qui veut à la fois doter Rabat d’un rendez-vous incontournable dédié à l’art et d’un laboratoire qui institue de façon décomplexée une spécificité de création plastique à partir du Sud.