L’exposition monographique «Eloge de l’ombre» de Saâd Hassani, se poursuit jusqu’au 17 juillet 2022 au siège d’Alliances à Casablanca.
Et c’est dans ce même lieu, bien imprégné des œuvres de cet artiste-peintre au parcours singulier, que la conférence «L’artiste et son atelier dans l’antre de la création» a eu lieu, hier, mardi 19 avril 2022.
Une discussion intéressante à laquelle ont pris part les amis de Saad Hassani, et dont on citera l’architecte Rachid Andaloussi, l’artiste Amina Benbouchta, l’anthropologue Adil Hajji, l’artiste-peintre Ilias Selfati et la commissaire d’exposition et son épouse, Mouna Hassani.
La critique d’art, Kristi Jones, a modéré cette conférence qui s’est déroulée dans une ambiance très sereine et conviviale. A l’image de celle qui règne dans ses ateliers. Tous les amis de l’artiste connaissent bien l’un de ses quatre ateliers, celui de Foundouk Bachkou dans le centre-ville de Casablanca.
«Saad Hassani était venu me voir pour réfléchir à comment reprendre un espace qui se trouve dans le cœur battant de l’ancienne médina de Casablanca. C’est ce qu’on appelle le foundouq. Là où sont rassemblés plusieurs artisans qui pratiquent un tas de métier qui se sont effilochés avec le temps. Saâd est revenu pour rallumer la flamme qui va redynamiser les lieux par de belles ondes poétiques et émotionnelles», a déclaré Rachid Andaloussi.
Ce grand ami de Saad Hassani est l’architecte de ce foundouq. «Il a été transformé en un loft, un lieu cosy pour que ce soit un véritable lieu de rencontres conviviales. Nous avons respecté les matériaux existants et c’est un clin d’œil à l’architecte Ludwig Mies Van der Rohe, du pavillon allemand de l’expo universelle 1929», a précisé Rachid Andaloussi.
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De son côté, Mouna Hassani, la commissaire de l’exposition, a souligné que l’artiste a eu, tout au long de sa carrière, une topographie d’ateliers assez originale. «La Villa Assaban, l’atelier Foundouq Bachkou, l’atelier Hotel particulier de Rabat, l’atelier de la mer à Asilah, l’atelier de la Cité des arts…», a-t-elle ainsi énuméré. L’épouse de Saad Hassani a également rappelé que l’artiste met beaucoup de temps à choisir ses ateliers, avec soin, puisqu’il doit sentir les lieux, pour y habiter et être habité par les lieux…
«Je suis un artiste nomade, j’aime bien me déplacer dans différents espaces. A chaque fois que je suis dans un atelier pour la première fois, je ressens un sentiment très noble, celui de la spiritualité qui s’installe dans ces lieux. L’artiste a besoin de cette spiritualité. Mais la chose la plus importante encore, c’est le contact avec le monde extérieur. L’espace est ouvert aux personnes qui s’intéressent à l’art, des critiques, des musiciens…», a confié pour sa part Saad Hassani dans une déclaration pour Le360.
Amina Benbouchta était également de la partie lors de cette conférence autour de la relation de Saad Hassani avec son atelier. «Cet atelier de Saad Hassani m’a toujours beaucoup fasciné. Ce lieu de désordre ordonné est un espace qui m’a nourri et où j’ai eu le plaisir d’exposer.»
Ilias Selfati s'est dit, pour sa part, fier d’avoir rencontré Saad Hassani dans son atelier à Asilah. «Moi j’ai étudié à l’école des Beaux-Arts de Tétouan et à l’époque où je l’ai rencontré, en 1987, dans un atelier de gravure au festival d’Asilah, il représentait pour moi et les artistes de ma génération un artiste et un monde inaccessibles… Mais nous sommes devenus de très bons amis par la suite», a-t-il témoigné.
L’autre témoignage important durant cette conférence à laquelle ont assisté plusieurs opérateurs culturels et amateurs d’art, c’est celui de Adil Hajji, anthropologue et ami de Saad Hassani. «Je ne connais pas tous les ateliers de Saad Hassani, il en a eu plusieurs dans son parcours d’artiste. Celui que je connais le mieux, c’est le foundouk, proche de la médina de Casablanca. Le souvenir que j’en garde est celui d’un lieu reposant, un endroit qui dégageait une sensation ou impression de sérénité, de paix».
Et d'ajouter, «c’est un endroit épuré, ce n’est pas un atelier bric-à-brac, C’est un lieu de convivialité, de sociabilité. Vivre une parenthèse dans le tumulte de la vie, c’est le souvenir que j’en garde».