L’histoire est là pour en témoigner. L’École de Casablanca, mouvement artistique créé dans les années 60 autour de Farid Belkahia, Mohammed Chabâa, Mohammed Melehi, Toni Maraini et Bert Flint, constitue la trame originelle du mouvement plastique marocain dans son ensemble. Là où tout a commencé. Le début d’une histoire, et la fin d’une ère marquée par l’hégémonie de l’art colonial, alors très présent dans l’environnement plastique. Ainsi, l’École de Casablanca a créé une rupture avec les pratiques de l’époque et qui étaient condamnées par le groupe de Casablanca.
Un groupe qui a beaucoup questionné l’art traditionnel marocain pour affirmer haut et fort que la modernité est aussi marocaine et qu’il est nécessaire de la montrer et de la valoriser. Une série d’actions avaient ainsi été entreprises par le groupe. Et par un effet boule de neige, plusieurs domaines en ont été impactés en dehors des arts plastiques: le théâtre, le cinéma, la musique, le design, l’architecture…
Et c’est dans ce même esprit de rupture qu’à l’initiative de Salma Lahlou, commissaire indépendante et fondatrice de Think art Casablanca, de Krist Gruijthujsen, directeur du Kw Institute of contemporary art à Berlin, et Inka Gressel, codirectrice de l’IFA, le projet «School of Casablanca» est né. «Ce projet, qui a démarré en 2020, regroupe des résidences de recherche, des programmes publics et une exposition sur cinq sites qui commence à l’École supérieure des beaux arts de Casablanca, puis se poursuit à l’Annexe de l’Église du Sacré-Coeur, au Parc de la Ligue arabe, à la Coupole qui se trouve sur le boulevard Moulay Youssef et qui finit à Think art», déclare Salma Lahlou dans un échange avec Le360, en marge de la visite guidée de l’exposition, dans les locaux de l’École supérieure des beaux arts de Casablanca.
Une exposition où l’on découvre, entre autres, une installation immersive du designer graphique marocain Nassim Azarzar. «Le projet interroge les modernités culturelles qui sont nées à Casablanca, ville qui était véritablement le terreau de cette renaissance, que ce soit dans le théâtre, le cinéma, l’architecture ou la musique», poursuit Salma Lahlou.
Lire aussi : Exposition: «School of Casablanca», sur les traces du mouvement artistique des années 60
La fondatrice de Think art rappelle que l’initiative «School of Casablanca» vise à confronter l’héritage de cette école à l’aune de la pensée contemporaine. Elle revêt ainsi une importance cruciale dans le contexte marocain d’abord, mais aussi dans le cadre d’une réflexion plus large sur les outils de méthodologie élaborés en Occident.
De son côté le co-curator Krist Gruijthuijsen, souligne que la recherche a commencé en 2020 et s’est basée sur l’influence du mouvement allemand le Bauhaus, en interrogeant l’héritage contemporain au Maroc et particulièrement à Casablanca. «À travers ce projet de recherche, nous avons souhaité donner plus de visibilité à Casablanca pour que les gens comprennent l’importance de cette expérience phare des années 60 et travailler autour des sites investis par les artistes à cette époque-là», précise-t-il.
L’objectif du projet de recherche «School of Casablanca» est donc de dialoguer avec cet héritage des années 60 et de scruter ce qui reste aujourd’hui de son legs.
«School of Casablanca», du 11 novembre 2023 au 14 janvier 2024.
Participants: Gilles Aubry, Nassim Azarzar, Amina Belghiti et Soukaïna Aziz El Idrissi, Bik Van Der Pol, Céline Condorelli, Fatima Zahra Lakrissa, Manuel Raeder, Peter Spillmann, Marion Von Osten, Abdesslam Ziou Ziou.
Lieux: École supérieure des beaux arts de Casablanca, Annexe de l’église du Sacré coeur, la Coupole, Parc de la Ligue arabe, Thinkart.
Horaires: du mercredi au dimanche, de 12h à 19h. SchoolOfCasablanca.com