Ancien professeur à Harvard, Idder Chaouch (incarné par Roschdy Zem) reçoit une balle dans le ventre, le soir de son investiture comme président de la République française.
Les motivations du tireur sont floues: l'adolescent, lui-même d'origine maghrébine, est un cousin de Fouad Nerrouche, le gendre du président. S'agit-il d'un acte isolé ? D'une attaque commanditée
La vie de Fouad, à qui tout réussissait jusqu'alors, est bouleversée. Dans l'incompréhension totale, ce jeune homme va retourner dans sa ville natale, Saint-Etienne, pour chercher des explications auprès de sa famille.
Lire aussi : Interview. Roschdy Zem ou comment raconter les conséquences du déracinement
Personnage central de cette création originale de Canal+ , il vit une déchirure profonde tout en étant un trait d'union entre deux mondes: "les arabes prolo de Saint-Etienne et les arabes bourges de Paris", explique à l'AFP Sabri Louatah, auteur de la série mais aussi des romans qui l'ont inspirée."J'aime le romanesque et j'avais envie de montrer des personnes de ma famille, une famille de Saint-Etienne, ouvrière et d'origine kabyle. Ce sont des personnages truculents qui plongent collectivement dans le tumulte d'événements nationaux", explique l'auteur qui a écrit entre 2010 et 2015 la saga en quatre tomes, à l'origine de la série en six épisodes, mêlant intrigues familiale, politique et policière.
Faut-il y voir des résonances avec "Soumission", le roman à succès de Michel Houellebecq, qui a imaginé l'arrivée au pouvoir d'un président musulman ?
Aucune comparaison possible, rétorque Sabri Louatah.
"Houellebecq a imaginé un cauchemar, le désarroi de l'homme blanc intellectuel. Moi je fais découvrir aux spectateurs des vies qui ne sont pas les leurs, en posant des questions, sans morale, ni réponse définitive", répond le trentenaire, qui dépeint le parcours de Français d'origine maghrébine de générations différentes.
"Ce qui m'a plu, c'est d'adapter un roman dont il existait déjà un pilote bien ficelé et qui m'emmenait vers un cinéma de genre", souligne la réalisatrice Rebecca Zlotowski, qui fait là sa première incursion dans une série.
Celle qui a fait tourner l'ancienne escort Zahia Dehar dans "Une fille facile", sorti fin août, a tenu à mêler comédiens connus et plus novices pour "Les Sauvages".
"Le casting, c'est comme construire un échafaudage complexe: il faut aller chercher des têtes d'affiche pour permettre de révéler une nouvelle génération d'acteurs", dit cette grande fan de la série "A la Maison-Blanche" ("The West Wing" en VO).
C'est ainsi que Roschdy Zem, aux faux airs de Barack Obama, donne la réplique à la valeur montante Dali Benssalah (au casting du prochain James Bond), au tout jeune Iliès Kadri et à Lyna Khoudri, bientôt à l'affiche du film "Papicha", sur la jeunesse algéroise pendant les années de plomb.
Lire aussi : Vidéo. La série culte "Tchernobyl" ravit et inquiète en Lituanie
Et Marina Foïs, en agent de sécurité, se lance à la poursuite de Sofiane Zermani (alias le rappeur Fianso), qu'on voit de plus en plus sur les planches comme à l'écran.
Luttant contre les clichés, la série est rythmée par les notes des "Sauvages", tirées de l'opéra-ballet "Les Indes galantes" de Jean-Philippe Rameau, à qui elle doit en partie son titre volontiers provocant.
Présentée en avant-première au festival de la fiction TV de La Rochelle, la série sera diffusée à partir du 23 septembre sur la chaîne cryptée.