Les œuvres de Lalla Essaydi font partie de collections aussi prestigieuses que celles de l’Art Institute de Chicago, du Brooklyn Museum of Art de New York, du Musée des Beaux-Arts de Houston, du Columbus Museum of Art, ou du Musée des Beaux-Arts de Boston. Elles enrichiront désormais la collection d’Elton John. "Je suis très reconnaissante envers tous les collectionneurs qui accueillent mes œuvres, présentes dans d’incroyables collections publiques et privées dont celle de notre bien-aimé roi Mohammed VI que je remercie de son patronage. Quant à Elton John, il représente quelque chose de spécial pour moi qui aime et écoute souvent sa musique. Je fais partie de ses fans depuis des décennies. Il possède l’une des plus impressionnantes et importantes collections de photographies d’art. Il est un "photography lover ", nous a ainsi confié Lalla Essaydi.
L’oeuvre acquise par Elton John ? Lalla Essaydi a bien voulu nous faire l’honneur de la dévoiler. Une œuvre parlante, représentative de la geste de cette artiste qui nous plonge dans une mise en scène aussi fastueuse qu’énigmatique de la femme orientale dont aussi bien le corps écrit, ou écrivant, ainsi que ses apparats, travaillent à faire refluer une parole encavée qui ira bientôt envahir, étrange logorrhée de trop prenants silences, l’espace de la peau, des tissus, des murs environnants retraduits tourbillonnantes écritures palimpsestes où se fomente un autre monde. A ce propos, nous dira-t-elle dans une précédente interview, "mon travail va au-delà de la culture islamique pour invoquer la fascination occidentale pour le voile et, bien sûr, le harem, tel qu'il est représenté dans les peintures orientalistes recourant à l'odalisque. En revisitant et réinterrogeant le corps de la femme arabe, je trace et dessine une histoire souvent marquée par l'incompréhension. A travers mes photographies, je suis en mesure de suggérer la complexité de l'identité féminine arabe, comme je l'ai connue, et la tension entre la hiérarchie et la fluidité qui sont au cœur de la culture arabe. Mais je ne veux pas que mon travail se résume à une simple critique de la culture arabe ou occidentale. Je vais au-delà de la simple critique de manière plus active, voire subversive, m’engageant moi-même pour transmettre ma propre expérience en tant que femme arabe prise quelque part entre passé et présent, Orient et Occident. En l'absence de lieu, le texte lui-même devient monde, monde des sujets mis en scène : leurs pensées, leurs discours, le travail, les vêtements, le logement. Et un espace nomade, un chez-soi nomade".