Une foule enthousiaste a acclamé les chanteurs et rappeurs américains venus participer au Jeddah World Fest, dansant et chantant lorsqu'ils entonnaient leurs tubes.
Ce concert, inimaginable il y a à peine deux ans, reflète les changements opérés par le royaume ultra-conservateur, qui a assoupli des décennies de politique restrictive sur les divertissements.
Au bord de la mer Rouge, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, le festival de Jeddah a été marqué par l'absence de la rappeuse américaine Nicki Minaj, 36 ans.
Connue entre autres pour ses tenues dénudées et ses chansons aux paroles parfois obscènes, Nicki Minaj a justifié son boycott du festival en évoquant son "soutien" aux droits des femmes, à la communauté LGBTQ et la liberté d'expression.
Les homosexuels encourent théoriquement la peine capitale en Arabie saoudite, et les droits des femmes y sont quasi-illusoires.
L'annulation du concert de Nicki Minaj a suscité une vague de colère parmi ses fans saoudiens, beaucoup demandant le remboursement de leurs billets.
Selon certains médias saoudiens, dont le journal progouvernemental Okaz, l'annulation du concert a été décidée par les autorités car il allait à l'encontre des "coutumes et valeurs" locales.
Le gouvernement a annoncé consacrer 64 milliards de dollars (59 milliards d'euros) sur dix ans au secteur du divertissement, un investissement que certains observateurs estiment destiné à détourner la frustration d'une population confrontée à un haut taux de chômage et un ralentissement de l'économie.
Mais l'ONG Human Rights Watch a exhorté dans un communiqué les artistes à ne pas se produire en Arabie saoudite, régulièrement mise en cause pour sa répression des opposants.
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En octobre, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir, a été tué dans les locaux du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul par un commando d'agents venus de Ryad.
Plusieurs rapports ont fait état de la responsabilité directe du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans cet assassinat, ce qu'il nie.
Le royaume est aussi critiqué de longue date pour la façon dont il traite les femmes, qui sont légalement placées sous le contrôle de leur père, mari, frère ou même fils, même si elles ont récemment obtenu le droit de passer le permis de conduire.