Manèges, auto-tamponneuses, vieilles photographies, affiches, dossiers de travailleurs, voire tickets d’entrée au parc. Avec le parc Yasmina, le grand public a rendez-vous avec une régression très seventies, voire eighties, et avec une certaine enfance casablancaise. Histoire de raviver des instants de bonheur qui auront marqué plusieurs décennies de la vie trépidante et moderne de la capitale économique du Royaume.
Dans le nouveau musée collectif de Casablanca, inauguré le 10 décembre dernier au parc de la Ligue arabe, et initié par l'Atelier de l'Observatoire, l’histoire de la métropole sera ainsi désormais ainsi retracée, exposition après exposition. Pour cette inaugurale, il s'est agi de collecter différents objets vintage du parc d'attractions Yasmina, bien connu des Casablancais dans les années 70 et 80.
«Nous avons démarré il y a huit ans de cela. C’est un projet de négociation avec la ville pour instaurer un musée dédié à la mémoire de Casablanca, la mémoire décalée, la mémoire de l’oubli, la mémoire des familles. Cet espace va recevoir une programmation de toute une collecte d’artistes et de chercheurs, avec l’objectif de créer un lien entre étudiants, chercheurs, artistes et citoyens», affirme Mohamed Fariji, artiste, directeur artistique et cofondateur de l’Atelier de l’Observatoire, une ONG dont les membres ont entamé, dès 2012, de nombreuses actions de collecte et d’interventions artistiques issus du patrimoine matériel et immatériel de la ville de Casablanca: archives, objets et récits de lieux mémoriels de la ville...
Bien que traditionnellement, les expositions soient associées à des lieux institutionnels, comme les galeries, l’Atelier de l’Observatoire a fait l’exception en amenant ce musée citoyen vers le public, dans un espace contemporain de conteneurs, en y exposant, pour cette première, quelques fragments d’une certaine enfance casablancaise, celle des rejetons de la classe moyenne.
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«Ce qu'il est très intéressant de comprendre, c’est cette connexion entre l’art, l’espace public, les citoyens et les citoyennes, et notamment à travers cette exposition, les enfants. Comment sont-ils intégrés à cet espace public? Peuvent-ils jouir dans le Parc de la Ligue arabe, d’un espace pour grandir et profiter en tant que futurs citoyens de la ville? Il est très important de donner cette place-là aux petites filles et aux petits garçons, et se demander par la même occasion si l’espace public leur est réservé de la même manière», explique Eugénie Forno, artiste et chargée de développement à l’Atelier de l’Observatoire.
Entre installations sonores et visuelles, l’Atelier de l’Observatoire et l’artiste Mohamed Fariji veulent ainsi explorer la mémoire collective casablancaise, en permettant au public de se remémorer des souvenirs de tendresse au parc Yasmina, des instants heureux que des enfants, par milliers, ont passés dans cet espace de loisirs.