"Une vie sans vie". C’est ainsi que l’artiste Khalid Benghrib, fondateur de la compagnie 2Kfar, qualifie la situation des arts chorégraphiques au Maroc. Dans un entretien avec Le360, il livre un diagnostic de l'état ces arts, qui souffrent de plusieurs maux.
Manque de reconnaissance, pas de véritables formations professionnelles, dysfonctionnement dans les subventions… Tout cela, Khalid Benghrib l’explique en insistant sur le fait que l’Etat doit instaurer une feuille de route, une politique culturelle pour que chacun puisse connaître ses droits et ses devoirs sans tomber dans la confusion des rôles. "Une prise de conscience et une réflexion globale sont nécessaires. Savoir que par exemple d’ici 10 ou 20 ans nous souhaitons que les arts chorégraphiques se développent de telle ou telle manière."
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Khalid Benghrib fait partie des initiateurs du projet de création d’un Institut des arts chorégraphiques au Maroc, qui n’a pas encore ouvert ses portes. "Nous avons réalisé un projet pédagogique, et là je pèse mes mots, qui n’existe dans aucun pays du monde. J’ai effectué plusieurs aller-retour entre la France et le Maroc, et j’ai travaillé pendant six mois sur ce projet qui a été discuté au sein d’une commission scientifique présidée par le musicologue Ahmed Aidoun. Mais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai eu aucun retour. Qu’est devenu ce projet? Je n’en sais pas plus que vous. Cela me fait mal au cœur" confie Khalid Benghrib, dépité, avant d’ajouter: "On ne peut pas aujourd’hui, en 2020, ne pas avoir de centre de formation au Maroc".
Khalid Benghrib souligne qu’il y a des milliers de jeunes qui dansent dans la rue au Maroc. Il serait temps de leur créer un espace de formation et des troupes chorégraphiques professionnelles.
Côté fuite des compétences artistiques marocaines à l’étranger, Khalid benghrib fait valoir son point de vue. "L’artiste n’a pas de frontières, il n’est pas censé rester emprisonné dans un espace fermé. Le cas échéant, il en meurt…"