Cette annonce du duc -sixième dans l'ordre de succession au trône- et de la duchesse de Sussex, qui évoquaient ouvertement leur difficulté à vivre la pression médiatique, intervient après une année de crises pour les Windsor.
"Nous avons l'intention de renoncer (au rôle de) membres "senior" de la famille royale et de travailler pour devenir financièrement indépendants, tout en continuant à soutenir la reine", ont annoncé dans un communiqué le petit-fils d'Elizabeth II et son épouse.
"Nous prévoyons désormais de partager notre temps entre le Royaume-Uni et l'Amérique du Nord", ont-ils ajouté, disant vouloir fonder une organisation caritative et assurant avoir pris cette décision "après de nombreux mois de réflexion".
Cette décision a pris par surprise la famille royale, qui espérait pouvoir entamer 2020 sous de meilleurs auspices après, du propre aveu de la reine, une année "semée d'embûches": elle a été confrontée à l'irruption du nom du prince Andrew dans l'affaire du pédophile américain Jeffrey Epstein et à un accident de la route causé par le prince Philip, le mari de la souveraine, de santé fragile.
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"Les discussions avec le duc et la duchesse de Sussex sont à un stade précoce. Nous comprenons leur désir de prendre une autre voie, mais ce sont des questions compliquées qui prennent du temps à régler", a-t-elle recadré dans un communiqué transmis par le palais de Buckingham.
Elizabeth II, 93 ans, reconnaît ainsi avoir été prise de court par la diffusion du message explosif du couple, qui venait de rentrer d'un séjour de plusieurs semaines au Canada. Ils y ont fêté Noël avec leur fils Archie, né le 6 mai 2019, un an après leur mariage fastueux retransmis par les télévisions du monde entier.
"Ils ne l'ont même pas dit à la reine", s'est offusqué le tabloïd Daily Mirror, y voyant une décision "égoïste" du prince Harry. Le Sun évoquait, lui, un "Megxit", jeu de mot sur le Brexit, et le Times titrait sur la "division" au sein de la famille royale. La BBC a estimé que le palais était "blessé" par ce développement inattendu.
"Harry et Meghan semblent avoir l'habitude de faire les choses sans que personne ne sache ce qui va se passer", ce qui est "la mauvaise façon" de faire, a commenté l'ancien secrétaire de presse de la reine, Dickie Arbiter, sur la télévision Sky News.
Pour le correspondant de la BBC pour les affaires royales, Jonny Dymond, "il y a beaucoup plus de questions que de réponses" dans l'annonce choc de Harry et Meghan: "quel sera leur nouveau rôle? Où vivront-ils? Qui paiera pour cela? Quelle relation auront-ils avec le reste de la famille royale?".
"La reine va être totalement dévastée par cela", estime un autre spécialiste des affaires royales, le journaliste et auteur Phil Dampier, cité par le Telegraph. "Elle a beaucoup d'affection pour Harry, mais de quelque manière qu'on veuille présenter l'affaire, ce qui se passe, c'est que (Harry et Meghan) se retirent de leurs obligations et se défilent".
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Pour le Times, "l'annonce prématurée" du couple est "égoïste et malavisée". "Elle porte toutes les marques de l'égoïsme et de l'impulsivité pour lesquels le prince Harry est maintenant tristement connu".
Ancienne actrice, Meghan, 38 ans, a habité sept ans à Toronto, où elle participait au tournage de la série "Suits". C'est aussi dans cette ville que le couple s'était affiché ouvertement pour la première fois en public en 2017.
Harry et Meghan avaient décidé de prendre des vacances prolongées après s'être ouverts dans un documentaire, en octobre, de leurs difficultés face à l'exposition médiatique. Le couple royal s'était attiré des critiques acerbes de la presse en s'épanchant de la sorte lors d'un voyage en Afrique où il a été confronté à une population vivant des situations bien plus dramatiques, mais aussi au moment où le Royaume-Uni se déchirait sur le Brexit.
"J'ai senti alors que j'étais le témoin, durant ce voyage, d'un possible long et triste adieu à cette vie royale", a témoigné le réalisateur du documentaire, Tom Bradby, sur ITV.
"Ils ont parfois bonne presse, parfois mauvaise presse. Il faut faire contre mauvaise fortune, bon coeur", a jugé pour sa part Dickie Arbiter.
Dans un premier temps, les tabloïds avaient salué l'arrivée de l'ex-actrice comme un souffle d'air frais pour la famille royale. Ils n'avaient pas tardé à se retourner contre elle avec des articles au vitriol, critiquant son comportement jugé capricieux.
Face aux critiques, Harry, 35 ans, a déposé début octobre une série de plaintes contre des tabloïds, les accusant de violer sa vie privée et de faire leur choux gras de la relation conflictuelle de Meghan avec son père. Il avait alors publié un communiqué disant craindre que "l'histoire se répète" et que sa femme soit victime "des mêmes forces puissantes" ayant conduit à la mort de sa mère Diana, décédée dans un accident de voiture lors d'une poursuite avec des paparazzi à moto.
La presse à scandale s'est également emparée des fissures apparaissant entre Harry et son grand frère William, deuxième dans l'ordre de succession à la reine Elizabeth, la mettant sur le compte d'une mésentente entre leurs épouses.