Sur la place emblématique de Taksim, côté européen d'Istanbul, les racoleurs paraissent plus nombreux en cette période automnale de "disette" touristique pour repérer des hommes aux calvities dégarnies alors qu’ils sont des dizaines de "rajeunis", visibles à leur crâne bandé, à déambuler sous les rayons du soleil baignant le Taksim Meydani ou à "tuer le temps" durant "la convalescence" agrémentée de visites de musées et sites historiques.
Depuis quelques années, la greffe de cheveux est devenue l’une des industries en plein essor de la Turquie à la faveur du "coût relativement faible" et de "la qualité élevée" des produits et des actes utilisant les protocoles de "dense packing", technique permettant des densités très élevées égalant "les densités naturelles".
La FUE (extraction d’unités folliculaires) est une technique de prélèvement des greffons par l’utilisation d’un micropunch fin pour les retirer directement à l’arrière de la tête (zone génétiquement codée pour ne pas tomber) et les réimplanter dans les zones pelées.
Selon les statistiques, plus de 20.000 "touristes" se sont rués vers la Turquie pour se refaire une "beauté", générant plus de 250 millions de dollars, soit le quart de la part mondiale de cette industrie capillaire, selon la Société internationale de chirurgie de restauration capillaire.
Dans le Tout-Istanbul, perché à cheval sur deux continents, ce sont plus de 250 cliniques et cabinets en concurrence ouverte pour couvrir les calvities avec des racines d’origine ou pour aider les imberbes en quête de pilosité faciale de s’offrir une certaine image masculine avec moustache et barbe.
Avec une offre de prix s'avérant jusqu’à 60% moins chers qu’un grand nombre de pays européens, même récalcitrant, le touriste, "coincé" le plus souvent par des "accrocheurs" dans les dédales de cette place centrale, est plus que tenté pour changer de look.
Des prix imbattables d’autant qu’ils incluent dans le package pour ceux ayant spécialement fait le voyage outre "la beauté ressuscitée", l’hébergement, les transferts depuis et vers l’aéroport et les services d’un interprète.
La Turquie n’exigeant pas de visas pour plus de 70 pays et les réseaux sociaux mis à contribution pour faciliter les contacts et conseils pratiques avec une évaluation initiale des coûts et déroulés de la greffe, le pas est vite franchi.
En effet, elle est devenue la destination prisée pour le nombre d’opérations de greffe de cheveux au milieu de la hausse rapide de la demande de ressortissants de pays arabes, mais aussi européens.
Faouzi est venu du Liban après avoir pris contact avec un médecin par e-mail et envoyé sa photo pour l’évaluation initiale. Trentenaire, il veut "rompre" avec sa casquette vissée sur la tête à longueur de journée, été comme hiver, pour dissimuler sa "tonsure" le vieillissant d’une quinzaine d’années.
Et surtout, il préfère profiter de cette industrie capillaire pour retrouver son "vrai âge" d’autant qu’il convolera en justes noces au printemps et désire immortaliser son mariage de "jeunot" au cas où il aura, quelques années plus tard, un nouveau "dégagement" inéluctable puisque héréditaire.
Il avait commencé à ressentir un "mal-être" avec l’apparition des premiers éclaircissements localisés sur les golfes temporaux avant que la "désertification" ne se propage.
Autour d’un demi-million de visiteurs sont venus pour les greffes de cheveux, mais aussi pour les autres interventions comme la lipoaspiration (extraction de la masse graisseuse excédentaire) des femmes et autres traitements orthopédiques, dentaires, oculaires ou oncologiques, selon l’Institut turc de la statistique.
Selon le directeur général de la promotion de la santé au ministère turc de la Santé, Ömer Tontus, plus de 200 opérations de greffe de cheveux ont été effectuées quotidiennement en 2016 dans le pays, qui met le paquet pour faire de cette filière un produit de niche et devenir un pionnier dans ce domaine.
Non seulement, l’objectif est de placer le pays sur la carte du monde en devenant une "marque", un centre du tourisme médical pour l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie centrale et la Russie.
Une activité éminemment lucrative dont l’apport à l’économie locale reste indéniable puisque le visiteur pour le tourisme de santé, charmé par le moindre prix comparativement avec d’autres pays, dépense presque 10 fois plus que celui de vacances et loisirs, selon l’Association des stratégies de santé et des politiques sociales (SASOMER).
Par Khalid Abouchoukri