Un labo de Samsung a présenté mardi lors de l'ouverture du CES de Las Vegas, le rendez-vous annuel de l'électronique et des nouvelles technologies, ces avatars, baptisés "Neons", des "êtres virtuels créés sur ordinateur" qui ont "la capacité de montrer des émotions et de l'intelligence".
Les spéculations et les fuites sur ce projet ambitieux de Star Labs, la filiale californienne du géant sud-coréen, étaient relayées dans la presse depuis plusieurs jours, suscitant par avance de la fascination pour cette idée d'une véritable intelligence artificielle (IA), avec sa propre personnalité, sortie tout droit de la science-fiction.
"Contrairement aux assistants à base d'IA, les «Neons» ne sont pas des robots avec la science infuse ou des androïdes ou des copies des humains. Ce ne sont pas des interfaces auxquelles on demande la météo. Les «Neons» font la conversation et sympathisent comme de vrais humains", détaille Star Labs.
"Neon est une nouvelle forme de vie", n'hésite pas à affirmer Pranav Mistry, le patron du labo.
Les interactions avec les avatars auront sans doute lieu via les écrans, la réalité augmentée (images projetées) ou virtuelle (casques immersifs), mais le communiqué cryptique donne peu de détails concrets sur ces "humains artificiels".
Chaque humanoïde virtuel sera animé en temps réel par une plateforme technologique, "Core R3", qui utilise notamment des réseaux de neurones artificiels.
Grâce à l'apprentissage automatique, cet outil est censé assimiler l'apparence des humains, leurs façons de se comporter et d'interagir, pour ensuite générer des avatars dont la personnalité évoluera au fur et à mesure des interactions.
"Le code marche, enfin! Core R3 peut désormais créer de façon autonome de nouvelles expressions, de nouveaux mouvements et dialogues (même en Hindi), complètement différent des données enregistrées à l'origine", a tweeté samedi Pranav Mistry.
Les entreprises pourront louer un "Neon" pour servir de "conseiller financier, de professionnel de santé ou de concierge", indique Star Labs. Plus tard, ils "travailleront en tant que présentateurs d'émissions, porte-parole ou acteurs de cinéma. Ou ils pourront simplement être des compagnons et des amis".
"Si ce qu'ils disent est vrai, et qu'il ont réussi à créer des personnes/avatars qui peuvent exprimer des émotions, cela placerait Samsung en tête des nombreuses entreprises qui mènent ce genre de recherche", commente pour l'AFP l'analyste indépendant Jack Gold.
"Mais il y a des implications majeures pour de nombreux secteurs (...) et bien sûr ils pourraient aussi être utilisés comme "faux" êtres humains cherchant à tromper une personne à des fins malveillantes ou illégales".
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L'annonce pourrait susciter des inquiétudes, alors que les réseaux sociaux luttent contre la prolifération de la désinformation et des "deepfakes", ces montages vidéos hyperréalistes conçus pour amuser ou tromper le public.
Les deepfakes manipulent la vérité ou inventent de toutes pièces des situations, pour faire croire, par exemple, que tel candidat politique a tenu des propos insultants, ou que telle célébrité s'est comportée d'une façon inappropriée. Les effets sur l'opinion peuvent se faire sentir longtemps après les démentis.
"Core R3 peut créer une réalité que la perception normale ne pourra pas distinguer (de la véritable réalité)", assure Star Labs.
Les avatars numériques posent deux types de questions, selon l'analyste Avi Greengart: "Vont-ils nous mettre mal à l'aise?" et "Comment vont-ils être utilisés?".
"Les «Neons» vont intégrer notre monde (...) où «les humains sont humains» et «les machines sont humaines»", promet Pranav Mistry.
L'ancien directeur de l'innovation de Samsung Mobile et vice-président du groupe a lancé Star Labs en 2019.
Il est connu pour avoir conçu Sixth Sense ("Sixième sens"), une technologie d'accessoire connecté basé sur la gestuelle, quand il était au prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology).