Les deux quotidiens francophones Liberté et El Watan pointent du doigt "la persistance du monopole" de l’Etat sur la publicité publique et institutionnelle, via l'Agence nationale de l'édition et de la publicité (ANEP).
Ils dénoncent aussi "les pressions politiques" exercées sur les annonceurs publics et privés", ainsi que "l’aggravation" de la crise économique qui a raréfié les budgets publicitaires au niveau des entreprises et des administrations, dirigeant également leurs critiques vers la Loi de Finances, notamment la hausse de la TVA qui passe de 7 à 9% sur le journal et de 17 à 19% sur la publicité, en sus de la taxe de publicité destinée en principe au cinéma de 1%.
Ces publications privées passent ainsi de 20 à 30 dinars (3 dirhams environ) à cause également de la "flambée des coûts de fabrication" avec un papier qui coûte plus cher et un dinar dévalué, dans un contexte de crise économique née de la diminution des recettes pétrolières. Face à ces données, les deux journaux précisent que la révision des prix permettra d'assurer un "équilibre économique afin de garantir l'emploi et d'offrir aux lecteurs un produit de qualité".
En octobre dernier, le ministre de la Communication algérien, Hamid Grine, a annoncé que le volume de publicité publique a reculé de 65% entre 2015 et 2016 du fait des mesures d’austérité prises par le gouvernement.
La presse privée, la plus touchée par ce recul de la publicité, ne cesse d’accuser le pouvoir de faire pression sur les annonceurs pour étrangler financièrement les journaux qui le dérangent et enrichir, via l’ANEP, sa clientèle.
Etouffés par les difficultés financières, plusieurs journaux ont mis la clé sous la porte et licencié leurs journalistes et salariés.
Dans son rapport 2016 sur l’Algérie, l'organisation non gouvernementale Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "la main invisible du pouvoir sur les médias", "l’étranglement économique des titres indépendants et l’émergence de fonds occultes finançant les médias".