Après leurs services militaires dans des unités de cybersécurité de l'armée israélienne, Gal Ringel, Gal Golan et Kobi Nissan ont créé il y a quelques années la société «Mine» qui veut aider, le plus simplement possible, les internautes à se faire oublier grâce à l'intelligence artificielle.
Un utilisateur entre son adresse courriel sur le site du groupe qui, par l'intelligence artificielle, liste toutes les entreprises avec lesquelles l'utilisateur a été en contact et montre quelles données ont été partagées (date de naissance, adresse personnelle, détails bancaires...).
L'utilisateur peut ensuite décider de contacter chaque entreprise pour demander à ce que ses données soient supprimées, avec un modèle de mail préparé par Mine, qui assure par ailleurs ne pas avoir accès au contenu des emails mais seulement à la ligne «objet» des échanges.
Lire aussi : Publicité: aux États-Unis, une plainte accuse les patrons de Google et Meta d'avoir passé un accord anticoncurrentiel
«Vous êtes les uniques propriétaires de vos données», clame l'entreprise sur son site internet. «Notre technologie vous donne accès, transparence et contrôle sur les données que vous partagez en ligne».
D'après Gal Ringel, un million de personnes ont déjà utilisé les services de «Mine», gratuits pour les particuliers et payants pour les entreprises, et dix millions de demandes d'effacement de données ont été envoyées à des entreprises.
«Nous ne disons pas aux gens de ne pas utiliser Facebook ou Google mais nous disons: comme vous aimez utiliser internet, on vous montrera qui sait quoi de vous et quels sont les risques», explique Gal Ringel à l'AFP.
Réglementation lacunaire«Mine» n'est pas le seul outil permettant de traquer et effacer ses données numériques mais ses créateurs estiment qu'il est l'un des plus simples et le plus utilisé.
En Israël, la législation est en retard et incapable de faire face aux défis numériques actuels, affirme Naama Matarasso Karpel, directrice de Privacy Israel, une ONG qui lutte pour le droit à la confidentialité par l'éducation et la législation.
Le pays, qui se présente comme la «start-up nation» en raison de son secteur high-tech bouillonnant, n'a pas l'équivalent du RGPD, le règlement général sur la protection des données voté par l'Union européenne (UE) en 2018, devenu une référence internationale et qui consacre notamment le droit à l'effacement des données sur internet.
Des hackers ont d'ailleurs réussi récemment à pénétrer la base de données d'Atraf, un site LGBTQ israélien, et celle de Shirbit, une compagnie d'assurance locale.
«La vie privée, c'est un peu comme la santé ou l'air, on n'a pas l'impression d'en avoir besoin jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'on en manque vraiment», estime Naama Matarasso Karpel.
D'après elle, les entreprises ont pris conscience plus vite que les particuliers de l'enjeu de la confidentialité en ligne, persuadées que cela pouvait être un atout à mettre en avant pour instaurer un sentiment de confiance chez leurs clients.
«Mine», qui a justement été contacté par des entreprises désireuses de renforcer cette confidentialité, a élaboré un outil spécial pour le secteur privé permettant de dire où sont stockées les données des clients et de simplifier les démarches souvent "fastidieuses" pour les supprimer, explique Gal Ringel.
Lire aussi : Classement des recherches Google: qu'est ce qui a intéressé les Marocains en 2021?
Toutes les données ne sont toutefois pas identifiables et certaines ne peuvent être légalement supprimées, ce qui limite les activités de l'entreprise israélienne.
Effacer des données, de manière générale, est «un exercice technique compliqué», relève Omer Tene, co-fondateur du Israel Tech Policy Institute, un centre de recherche basé à Tel-Aviv.
Etant donné qu'il existe cinquante nuances de données en ligne, «il est difficile d'accomplir cette promesse qui consiste à supprimer des choses en ligne en appuyant seulement sur un bouton», note-t-il.