La percée spectaculaire des ingénieurs marocains dans les métiers de la finance en France suscite de plus en plus l’intérêt des médias français. Dans un récent article, intitulé «Dans la finance, ces ingénieurs marocains qui "font la nique aux Français"», l’hebdomadaire Marianne se penche sur ce phénomène qualifié de «massif».
«Très bien formés en mathématiques, les étudiants marocains composent une part importante des ingénieurs financiers dans les banques françaises, sur toute la place de Paris», écrit l’auteur de l’article, qui souligne que dans certains services au sein des grandes banques françaises, la part des Marocains atteint jusqu’à 40% de l’effectif des ingénieurs financiers.
«Une constatation qui se vérifie sur toute la place de Paris, tant à la BNP qu’à la Société générale, au Crédit coopératif ou à Natixis», affirme l’hebdomadaire. Et les CV d’étudiants marocains continuent d’affluer, à en croire un directeur de la recherche d’une grande banque française, cité dans l’article.
Ce succès s’explique, selon ce directeur, par la qualité des formations en mathématique, dispensées dans les lycées et classes préparatoires du Royaume. «Ils sont très bien formés dans des lycées et des prépas marocaines sélectives. Quand on compare avec l’Algérie, ça n’a rien à voir», affirme-t-il.
Et de préciser que «le Maroc mène une politique de formation des ingénieurs très dynamique (ainsi que la Tunisie, dans une moindre mesure)». «Leurs résultats sont incroyables», affirme-t-il, même si «peu d’entre eux, retournent ensuite dans leur pays d’origine».
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Les «étudiants marocains font la nique aux étudiants français» estime même Gilles Pagès, responsable du master 2 «Probabilités et finance» de l’université Pierre-et-Marie-Curie et de Polytechnique, les diplômes rois pour devenir «Quant» (analyste quantitatif). Nombre de ses troupes sont désormais tunisiennes et surtout marocaines: «c’est massif», affirme encore Marianne.
Comme le directeur de banque précité, ce professeur attribue ce succès au niveau d’exigence de la formation en mathématique dispensé dans les prépas marocaines. «Les programmes de mathématiques des classes préparatoires des lycées marocains, calés sur les programmes scolaires français, n’ont pas changé depuis quinze ans», explique Marianne.
«Contrairement à la France, il est rare qu’au Maroc on nous enlève des chapitres en mathématiques», confirme un ingénieur marocain interrogé par Marianne. Au final, affirme l'auteur de cet article, «ceux qui viennent après faire leurs études en France ont effectivement l’air d’être des machines de guerre».
Ces «machines de guerre», il en sort chaque année des dizaines du Lycée d’Excellence de Benguérir (Lydex), qui suscite l’admiration de tous, y compris des Français. «Le lycée Lydex, à Benguérir, au Maroc, est moins souvent cité que les prépas scientifiques d’Henri IV, de Louis le Grand, de Stanislas ou de Sainte-Geneviève pour réussir à intégrer les meilleures écoles d’ingénieurs françaises: Polytechnique, Centrale, Télécom, l’école des Ponts ParisTech et celle des Mines, lesquelles inondent de leurs étudiants les salles de marché des banques françaises. Ce lycée d’excellence, qui a ouvert en 2015 dans la ville de Mohammed VI, fruit d’un partenariat public privé, réussit pourtant chaque année à faire admettre près d’une vingtaine de jeunes à Polytechnique!», souligne l’auteur de l’article.
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Les derniers résultats d’admissibilité aux concours 2022 des grandes écoles françaises dévoilés par Le360 sont à ce titre édifiants: 24 élèves du Lydex sont admissibles à l’Ecole polytechnique de Paris ou X, dont 6 filles.
Citant Campus France, l’hebdomadaire Marianne fait remarquer que les étudiants marocains qui viennent en France (environ 40.000 chaque année) «sont aujourd’hui sur-représentés dans les écoles d’ingénieurs par rapport aux autres étudiants étrangers».
«Quand ils s’inscrivent à l’université, ils privilégient les études scientifiques et boudent les lettres, les sciences humaines et autres sciences politiques: seuls 13 % s’inscrivent dans ces filières contre 30 % pour les autres étrangers», révèle l’auteur de l’article, qui conclut qu'«à rebours de ce que pensent les enfants de l’élite française, pour eux, Sciences-Po symbolise l’entre-soi et offre des débouchés bien moins rémunérateurs et plus hasardeux que ceux de l’ingénierie».