Les Agences de presse africaines, soucieuses de relever les différents défis que posent les nouvelles technologies ont réuni, lundi et mardi, leurs directeurs généraux à Casablanca pour établir leur feuille de route. Principale conclusion: la coopération Sud-Sud est l'unique voie pour prendre en marche le train du développement. Ces agences de presse africaines signeront d’ailleurs la Déclaration de Casablanca qui fera date. Khalil Hachimi Idrissi, directeur général de la MAP, a d'emblée planté le décor en affirmant, dans son allocution, que l'agence de presse nationale est un outil indispensable, voire incontournable, pour toute la nation, car elle véhicule une information de "souveraineté en faisant entendre la voix de nos Nations dans le concert international". Mais, pour relever les défis, le patron de la MAP a suggéré aux agences africaines de prendre leur sort entre leurs mains, loin des décisions imposées par les agences du nord qui se sont enrichies au détriment du sud.
"Le temps des grandes agences et des petites agences est révolu. Car ce partage contenait une vraie imposture géopolitique et recoupait comme par un miracle historique la fracture, existante et entretenue, entre le Nord et le Sud. Les grandes se situaient au Nord. Les petites au Sud. Comme les riches et les pauvres", a souligné Khalil Hachimi. Et d’ajouter: "L’Afrique ne veut plus de cette vision d’elle-même, fantasmée par les autres et infantilisante. Le néo-colonialisme insidieux et sournois, comme son frère aîné le colonialisme originel, brutal et caricatural, a été invalidé par l’Histoire. Il faut que les forces de l’Histoire s’expriment! Dans le sens du progrès".
La conférence de Casablanca s'est en outre longuement arrêtée sur l'avènement des technologies de l'information (TIC) et des réseaux sociaux et leur impact sur la mission des agences nationales de presse. La directrice de l'Agence ivoirienne de presse (AIP), Sana Oummou Barry a reconnu que l'internet et les TIC "ont bouleversé la pratique journalistique", alors que les agences africaines n'avaient pas les moyens d'anticiper ces changements, appelant à trouver de nouvelles formes de coopération sud-sud. Pour sa part, le patron de l'Agence de presse sénégalaise, Thiemo Birahim Fall, a souligné que "les agences de presse devront disposer de capacités d'adaptation aux enjeux technologiques et rester sensibles aux attentes des citoyens et aux questions d'intérêt majeur".