Colère, voire indignation internationale contre la chape de plomb inquisitoriale qui s’abat sur la presse algérienne indépendante. La Fédération internationale des journalistes emboîte le pas à Reporters sans frontières pour dénoncer ce qu’elle a qualifié d’ «escalade d’intimidations» menée par le clan Bouteflika au pouvoir contre nos confrères algériens.
Dans un communiqué, diffusé ce lundi 27 juin, la FIJ «s’indigne du développement en Algérie d’un climat de censure qui vise tout particulièrement les médias indépendants» chez le voisin de l’est.
«Nous sommes très inquiets de cette escalade d’intimidations menée à l’encontre des médias algériens et de leurs dirigeants qui témoigne d’une volonté de taire la critique et la liberté d’expression en Algérie. Nous nous interrogeons également sur les réelles motivations qui ont engendré la suspension de deux émissions critiques à l’encontre du monde politique», indique la FIJ, appelant le président Bouteflika à «protéger et à renforcer la liberté de la presse en Algérie».
Un appel qui a peu de chances d’être audible par le clan présidentiel engagé dans une campagne de vengeance contre des médias dont le «tort», semble-t-il, est d’oser s’opposer à un régime qui, à l’instar de toutes les dictatures, ne supporte pas la dérision, comme c’est le cas de l’émission satirique «Nass Stah» (Les gens de la terrasse, ndlr) de la chaîne de télévision privée KBC censurée pendant ce mois de Ramadan et dont le directeur a été incarcéré vendredi dernier, autant que son producteur.
Comme le rapportait Le360 dans son édition de dimanche 26 juin, le quotidien à grand tirage «El Watan» a également payé les frais de cette cabale hystérique après l’encerclement, jeudi 23 juin, de son nouveau siège à Alger sous prétexte que sa construction n’était pas «conforme» au permis de construction délivré par la wilaya d’Alger en 2010.
Presse écrite et audiovisuelle se trouvent ainsi pris dans l’œil du cyclone inquisitorial savamment orchestré par le clan Bouteflika, voire au-delà. Les députés appartement à l’opposition algérienne, ou ce qu’il en reste, n’échappent pas non plus à cette campagne de musèlement destinée à faire taire toute velléité d’opposition à la reconduction dudit clan présidentiel après dix-sept ans de règne de la famille Bouteflika. Ce qui a porté la SG du Parti des travailleurs, Louisa Hanoun, à prédire à ce régime une fin similaire à la chute de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, ou encore de l’ex-chef d’Etat tunisien Zine el-Abidine Ben Ali.