"Nous essaierons de remplacer les feuilletons turcs par des productions arabes de grande qualité qui incarnent les valeurs et les traditions de la région", a déclaré mardi 6 mars à l'AFP Mazen Hayek, porte-parole de MBC.
Les chaînes du groupe ont cessé vendredi la diffusion des séries turques, très populaires de Bagdad à Casablanca, dans un contexte de relations difficiles entre Ankara et des pays arabes, notamment dans le Golfe. L'Arabie saoudite et ses alliés, notamment les Émirats arabes unis, se méfient de plus en plus de la Turquie, jugée favorable à des groupes islamistes comme les Frères musulmans qui sont perçus comme une menace pour la sécurité régionale.
La Turquie n'a pas caché son soutien au Qatar dans sa dispute avec ses voisins. L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte ont rompu en juin 2017 avec le Qatar, l'accusant de soutenir des mouvements "terroristes" et de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran, grand rival régional de Riyad au Moyen-Orient. Mais Mazen Hayek a insisté sur le fait que la décision de MBC de se passer d'une moyenne de six heures quotidiennes de programmation turque était motivée uniquement par des raisons culturelles et économiques.
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Le coût moyen de production d'une heure de série dramatique arabe se situe entre environ 32.000 à 81.000 euros, contre environ 202.000 euros pour un feuilleton turc, a-t-il affirmé. "Le défi est maintenant de combler le vide des feuilletons turcs avec des contenus arabes de haute qualité", même s'il y a une pénurie de talents techniques et artistiques arabes, a déclaré Mazen Hayek.
"Nous investissons dans des contenus alternatifs", a-t-il soutenu en reconnaissant toutefois la popularité des séries turques auprès de femmes au foyer dans les pays arabes. "Pour certaines personnes, la vie s'est arrêtée", a dit une téléspectatrice sur Twitter, en utilisant le hashtag "Les séries turques ne sont plus diffusées". Un autre tweet avec le même hashtag décrit la déprime des téléspectatrices brusquement privées de leurs feuilletons en cours: "Maintenant, j'ai de l'hypertension, un taux de sucre élevé dans le sang".
MBC est contrôlée par l'homme d'affaires saoudien Walid al-Ibrahim qui a été récemment détenu pendant près de trois mois dans le cadre d'une vaste campagne anticorruption visant l'élite saoudienne. Le Financial Times a rapporté que les autorités avaient ordonné à Walid al-Ibrahim de céder sa participation majoritaire dans MBC pour obtenir sa libération, ce qui n'a pas été confirmé par les autorités saoudiennes.