Législation. Comment El Khalfi veut étrangler financièrement la presse

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Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, veut étrangler financièrement les entreprises de presse avec des dispositions inédites dans le projet de Code de la presse. Explications.

Le 14/12/2015 à 15h02

«Jamais un ministre n’a osé intervenir de manière aussi négative dans le financement des entreprises de presse». Le commentaire émane d’un éditeur casablancais qui s’insurge contre les dispositions du projet de Code de la presse élaboré par Mustapha El Khalfi et qui se trouve actuellement en examen au Parlement.

«Sous prétexte de protéger les mineurs ou de préserver l’image de la femme, le ministre de la Communication menace la survie des entreprises de presse», explique notre interlocuteur qui fait allusion à l’interdiction des publicités pour les jeux de hasard.

En vertu des dispositions des articles 63 et 64 dudit projet de loi, les entreprises de presse seront privées des insertions de la MDJS, de la SOREC et de la Loterie nationale qui sont pourtant des entreprises publiques et qui contribuent largement à la fois aux finances des médias nationaux et au budget de l’Etat.

«Si le gouvernement veut protéger les mineurs, il n’a qu’à élaborer des législations spécifiques, mais cela ne doit rien à voir avec le Code de la presse», affirme un autre éditeur.

La version transmise par Mustapha El Khalfi au Parlement suscite la polémique depuis quelque temps. Des professionnels l’accusent, entre autres, de chercher à imposer une «presse halal», mais aussi un «web vert».

Selon les informations de Le360, les dispositions qui suscitent cette polémique ont même fait l’objet de réserves de la part de plusieurs ministres en Conseil de gouvernement.

Au Parlement, ces mêmes dispositions ont été décriées par les députés avec un record inédit: sur les 90 articles du projet de Code de la presse, les différents groupes parlementaires ont introduit pas moins de 120 amendements. Le sort de ce texte sera connu mercredi prochain.

Mais, avant cela, Mustapha El Khalfi avait promis de présenter une nouvelle mouture qui prendrait en considération les remarques des professionnels. Chose que confirme Noureddine Miftah, président de la FMEJ (Fédération marocaine des éditeurs de journaux).

«Nous avons été très clairs dès le début concernant ce projet de loi et les autres textes relatifs à la profession. Nous attendons la nouvelle mouture d’un jour à l’autre, mais nous ne céderons pas», affirme Noureddine Miftah, éditeur de l’hebdomadaire Al Ayyam.

Par Mohammed Boudarham
Le 14/12/2015 à 15h02