Dans une tribune d’opinion intitulée "Le Maroc fait face au défi ultime de gouvernance au Sahara occidental", publiée hier, lundi 28 décembre 2020 par le quotidien The Hill, Patricia Karam estime, en faisant référence à une dénomination géographiquement exacte du Maroc saharien, que "le défi ultime du Maroc reste l’intégration effective du Sahara occidental qu’il a, ironiquement, gouverné de facto depuis le lancement de la décentralisation et de la régionalisation avancée".
"En dépit d’une certaine gêne domestique avec une répudiation perçue de la cause palestinienne, soutenue depuis longtemps par le Royaume, la ferveur nationale à propos du Sahara occidental a éclipsé les inquiétudes concernant un accord avec Israël et ses implications possibles", écrit l’experte en relations internationales.
"Est-il possible pour la culture et la nation sahraouies de survivre au Maroc? L'Algérie a soutenu et ne peut pas s'attendre à abandonner la cause sahraouie. Mais ces événements récents peuvent être l'occasion de parvenir à un arrangement où la société, la population et la culture sahraouies peuvent vivre dans le contexte d'un Maroc pluraliste", explique encore l’auteure de cet article.
"Si le Sahara occidental doit effectivement faire partie du Maroc, il n'a pas besoin de se dissoudre au Maroc. Le véritable test pour le pays sera de montrer qu'il peut transférer les responsabilités gouvernementales aussi localement que possible, permettant une administration locale et une gouvernance du territoire du Sahara occidental qui expriment son identité et sa culture dans le cadre d'un Maroc diversifié et inclusif", soutient-elle encore.
Lire aussi : Historique: Donald Trump annonce à Mohammed VI l'ouverture d'un consulat des Etats-Unis à Dakhla
Patricia Karam souligne, par ailleurs, que "la décision américaine sans précédent dans la lutte en cours autour du Sahara occidental représente un changement radical de politique dans l'un des conflits les plus insolubles de la région".
"Bien qu'elle ait déclenché un certain malaise au Maroc, la décision de normaliser les relations avec Israël est globalement considérée comme positive pour sa position internationale, en particulier dans l'amélioration des relations avec les Etats du Golfe comme les EAU et Bahreïn - avec l'avantage stratégique supplémentaire d'obtenir ses revendications sur le Sahara occidental", explique la chercheure.
"L'ayant activement recherchée dans le cadre de sa politique étrangère au cours des 40 dernières années, la monarchie la considère [la reconnaissance américaine, Ndlr] comme une victoire diplomatique majeure".
"L’approbation surprenante de sa revendication servira néanmoins de test pour la capacité du Maroc à mettre en place une administration locale efficace conformément à son plan de régionalisation avancé. Ironiquement, le plan -pierre angulaire d'un Maroc pluraliste et fort- accordera une certaine autonomie au territoire, bien que sous sa souveraineté", explique Patricia Karam.