L’intervention de la coalition au Yémen qualifiée «d’agression», micro tendu aux Houthis pour dénoncer cette action armée, absence des représentants yéménites dans un Sommet qui traite de la crise dans le pays, appel de l’ONU pour une trêve humanitaire… Vu sur 2M, un reportage diffusé, dans le bulletin de la mi-journée du 20 mai, sous cet angle, suscite diverses interprétations. Regardons d’abord!
Le Maroc des médias officiels porte désormais de la sympathie pour la cause des Houtis? Difficile à croire. Le Maroc a enterré ce même jour du 20 mai, un de ses soldats d’élite: Yassine Bahti, 26 ans, pilote de chasse a eu des funérailles avec les honneurs de martyr, pour être tombé sur le champ de bataille, avec son F16, dans le cadre d’une opération de la coalition sous commandement saoudien.
Tous les observateurs font d’ailleurs le lien entre le reportage de 2M et le cas Yassine Bahti. Pour certains, le Maroc n’aurait pas apprécié l’indifférence de l’Arabie Saoudite quant à la gestion du rapatriement du corps du pilote marocain. D’autres ont rapidement fait le parallèle avec les reportages, diffusés en février dernier par 2M et Al Oula, sur la situation en Egypte traitant le président Morsi de «putschiste». Pourtant, la crise diplomatique entre Rabat et Le Caire qui était née suite à cet accrochage médiatique –et qui avait pour raison sous-jacente une remise en cause de l’unité territoriale du Maroc - avait été vite résorbée. Alors, qui aurait pu croire aujourd’hui qu’une tension Rabat – Ryadh pourrait naître?
Surtout que les arguments pour contrer la thèse d’une crise naissante entre le Maroc et l’Arabie Saoudite ne manquent pas. L’armée saoudienne a décidé de considérer comme un des siens, le pilote marocain abattu par les Houtis. La famille Bahti a droit au même traitement réservé aux militaires saoudiens décédés dans l'accomplissement de leur devoir: une compensation de 1.100.000 ryals, en plus de visas à l’oeil pour le hajj et la omra. Autre indicateur et non des moindres: pour son voyage à Dakar, le souverain a pris un avion saoudien, «Royal Air One» étant cloué au sol pour une révision de maintenance. La confiance règne donc entre les rois des deux royaumes…
D’ailleurs, 2M s’est empressée, le soir même, de présenter ses excuses pour ce reportage. La chaîne a tout mis sur le dos de la maladresse de la journaliste qui a préparé le sujet. Affaire close.