Son nom restera à jamais associé aux grandes heures de la prostitution. Son réseau de «filles» fit trembler la République dans les années 1960 et 1970. Hommes politiques, artistes, industriels, grands noms et grandes fortunes, tous avaient recours à ses services...
Plus de vingt ans après la fin de ses déboires judiciaires, elle vivait recluse dans le Midi où elle touchait une modeste retraite et louait un petit appartement. Passée plusieurs fois par la case prison, Madame Claude a fêté ses 92 ans le 6 juillet 2015.
Madame Claude passionne toujours autant les Français. Tous les animateurs de télévision ont essayé de l'approcher pour l'avoir sur leur plateau, mais sa porte est définitivement close. Madame Claude n'avait plus rien à vendre. Ses souvenirs, elle les a publiés dans la mesure de ce qui était publiable. Les autres, elle les garde pour elle.
Tout a été dit sur les gros clients, le shah d'Iran, John Kennedy ou Giovanni Agnelli. Une autre fois dans la porte-tambour d'une célèbre brasserie de la rive gauche, elle croise un ancien ministre qui la reconnaît et la salue sans ambages: «Bonjour, Claude, comment allez-vous?» Elle de répondre: «Très bien, X [elle l'appela par son prénom]. Mais nous ne sommes pas jeudi.» Tout était avoué, rien n'était révélé.
Cette Parisienne d'adoption aimait la province et avait pour voisins dans le Lot, Françoise Sagan et son frère Jacques, avec qui elle était très liée. L'écrivaine est l'une des rares à lui avoir tendu la main lorsqu'elle est tombée et à l'avoir défendue en public. Elle s'est exilée à Los Angeles vers 1977, lorsque le fisc tout à coup s'est soucié d'elle, après l'avoir laissée en paix pendant des années.
Lors de son retour en France au milieu des années 1980, la prescription n'ayant pas joué, elle fut arrêtée la veille d'une fête dans le Lot et fit un séjour à la prison de Cahors. À sa sortie, elle reprit l'activité qu'elle savait le mieux faire. «Je n'ai exercé que quelques mois, à une très petite échelle, mais probablement mon passé et mon nom m'ont desservie. J'ai très vite été incarcérée.» Elle est condamnée à trois ans de prison, dont six mois fermes, et à 1 million de francs d'amende,
Madame Claude a fini par devenir une légende vivante. Une légende qui s’est éteinte emportant avec elle bien des secrets de la Ve République.