Le séisme provoqué en Algérie par la candidature de l’actuel président algérien, Abdelaziz Bouteflika, pour un cinquième mandat jusqu’à 2024, suscite des interrogations quant à la stabilité du pays et des craintes pour le voisinage, notamment à Rabat, mais aussi dans des capitales occidentales. «Même réélu, Bouteflika pourra-t-il assurer sa charge dans des conditions d’apaisement alors que vient de s’enclencher un processus de mise en cause frontale de la légitimité de son statut présidentiel?», s’interroge l’éditorialiste de l’hebdomadaire Maroc Hebdo, qui consacre un spécial intitulé «La bombe algérienne» à ce sujet dans sa dernière livraison.
En effet, les mouvements de protestation, qui prennent de plus en plus d’ampleur et qui s’accentueront certainement dans les semaines précédant le scrutin présidentiel, pourraient dégénérer et plonger le pays dans le chaos. Ces mêmes événements pourraient également être instrumentalisés par des cercles du pouvoir afin de les dévier de leur voie à d’autres fins. Cette situation, met en garde l’hebdomadaire, provoquerait une déstabilisation du pays, qui aura d’autres répercussions sur le voisinage et les connexions diplomatiques et politiques du pays. Dans ce sillage, «le tutorat sur les éléments séparatistes du Polisario sera-t-il assuré ?», s’interroge l’hebdomadaire. A ce propos, explique l’éditorialiste de l’hebdomadaire, «des divisions au sein de la hiérarchie militaire peuvent conduire, ou pousser, à nourrir des foyers de tension portant atteinte au cessez-le-feu instauré depuis 1991».
Face à cette situation, la vigilance devait être de mise pour le Maroc, souligne Hassane Saoudi, colonel de la gendarmerie royale à la retraite, dans une interview accordée à l’hebdomadaire. Car, a-t-il estimé, «un effet d’appel du terrorisme bien présent dans des zones grises au Mali et en Lybie n’est pas impossible». En tout cas, conclut ce spécialiste de la sécurité, «la situation inquiète, à juste titre, les chancelleries et pour Rabat, la vigilance est de mise».
Par ailleurs, l’hebdomadaire, qui revient sur le processus électoral algérien et son aspect historique et politique, rappelle l’état de siège décrété au lendemain des résultats des élections législatives de 1991 en vue de les annuler et de mater le peuple, le putsch organisé l’année suivante, forçant le président Chadli Benjdid à démissionner, et les violences ayant secoué le pays, provoquant plus de 250.000 morts. La situation, certes, n’est pas la même aujourd’hui, mais les décideurs qui tirent les ficelles du pouvoir en Algérie sont toujours les mêmes, à savoir les dirigeants de l’institution militaire. C’est pourquoi les Algériens semblent fortement mobilisés aujourd’hui, manifestant leur volonté «d’en finir avec un régime dans lequel ils ne se sont sans doute jamais reconnus». C’est une affaire interne qui concerne les Algériens et l’Algérie, mais tout débordement ou chaos instrumentalisé par des cercles du pouvoir pourraient avoir des répercussions ailleurs. Ce qui légitime les craintes soulevées par l’éditorialiste de l’hebdomadaire.