L’affaire de la députée Amina Maelainine est en passe de connaître un nouveau tournant. Et cette fois, cela se passe au sein même de son propre parti. Mustapha Ramid, ministre d’Etat et président de la «commission de l’intégrité et de la transparence», une sorte de conseil de discipline du PJD, vient en effet d’affirmer que le parti s’est effectivement saisi de cette affaire, via le secrétariat général. Lequel a d’ailleurs rendu la décision qu’il a jugée adéquate, affirme-t-il avant de se raviser, précisant que la question n’est pas encore tranchée.
Cependant, relève le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 4 février, le secrétariat général, organe exécutif du PJD, qui s’est réuni samedi dernier, n’a pas examiné l’affaire Maelainine, «à moins que ce ne soit en marge de l’ordre du jour». Bien plus, poursuit le journal citant des sources au sein de la direction du parti, le secrétariat général n’aurait jamais saisi la commission de l’intégrité et de la transparence sur cette affaire. Cette dernière peut toutefois s’autosaisir à propos de n’importe quel dossier quand elle le juge opportun, a tenu à préciser le journal.
De toutes les manières, poursuit le quotidien réputé proche du clan des pro-Benkirane au PJD, il n’y a pas de consensus général concernant la dernière sortie de Ramid. Citant un dirigeant de la formation islamiste, le journal souligne que «cela nuirait à l’image du PJD s’il prenait une décision contre un de ses membres à cause de sa manière de s’habiller. Certes, ce que vient de faire la députée Maelainine est inacceptable sur le plan moral, mais du point de vue purement légal et statutaire, le parti n’a pas le droit de sanctionner un membre à cause de sa manière de se vêtir. Le parti ne doit pas s’immiscer dans la vie privée des gens».
Sans citer Le 360, le journal a repris une déclaration que le ministre d’Etat a faite récemment au site selon laquelle le comportement de la députée est bien répréhensible sur le plan légal. «La députée s’est présentée devant les électeurs avec un mode vestimentaire particulier, qui plus est renvoie à un certain nombre de valeurs. Ces derniers lui ont accordé leurs voix sur cette base. De ce fait, elle n’a pas le droit, si cela s’est avéré, d’enlever son voile une fois à l’étranger», a notamment souligné Mustapha Ramid, également juriste. «On doit rester la même personne ici et ailleurs. Il est inacceptable de se présenter sous deux visages, l’un ici et l’autre à l’étranger», a-t-il ajouté.
Les propos du ministre d’Etat ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. La première intéressée a été la première à riposter, et d’une manière peu amène sur les réseaux sociaux, précisant que ce qu’elle porte aujourd’hui à l’avenir ne concerne qu’elle. C’est un choix personnel et le parti ne doit pas s’en mêler, tranche-t-elle. Car, ajoute la députée, la manière de s’habiller ne fait pas partie des conditions d’adhésion au parti et ne fait pas partie non plus des clauses du contrat moral qui lie le député à ses électeurs. Ses partisans, eux, ont choisi de jouer sur la fibre féministe. Comment peut-on reprocher aux femmes d’enlever leur voile alors que les hommes qui rasent leur barbe ne sont jamais inquiétés, s’indignent les partisans de la députée. Cela alors que la barbe et le voile sont, tous les deux, des signes d’appartenance au PJD, soutiennent-ils.
Globalement, conclut le journal, les bases du PJD restent divisées sur cette question. Une partie lui reproche vivement d’avoir failli à un engagement moral envers le parti et ses électeurs et d’avoir violé les règles imposées par le référentiel idéologique du PJD. Une autre partie estime que le comportement de la députée rentre dans le cadre de sa vie privée et que ses électeurs ont voté pour le parti et non pas pour elle. Les tenants de cette opinion vont même jusqu’à accuser le ministre Ramid de verser dans un «règlement de compte» entre le clan des ministres et celui des pro-Benkirane.