A cause d’un projet de loi, les ophtalmologues en grève

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Revue de presseKiosque360. Alors qu’un terrain d’entente a été trouvé sur l’article 6 du projet de loi 45-13, une proposition d’amendements, adoptés en commission à la deuxième Chambre, viennent changer la donne. Les ophtalmologues sont de nouveau en rogne.

Le 02/06/2019 à 21h42

Les médecins ophtalmologues exerçant dans le secteur libéral observent une grève, à l’échelle nationale, ce lundi 3 juin. Ils tiennent également, le même jour, un sit-in devant les locaux du ministère de la Santé en protestation contre l’attitude du ministère qui n’a pas répondu à leurs doléances concernant le projet de loi 45-13, actuellement devant la deuxième Chambre. Un texte qui concerne en premier lieu la santé oculaire des citoyens, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du même jour.

D’après un communiqué diffusé par les syndicats, et dont le quotidien s’est fait écho, les médecins ophtalmologues reprochent au ministère de ne pas les avoir associés à l’élaboration de ce projet de loi. Le texte relatif à l’exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle a déjà été adopté par la première Chambre, sans créer de véritables remous. Ce n’est qu’une fois arrivé à la Chambre des conseillers que les médecins se sont rendus compte, alors qu’il est entre les mains de la commission des secteurs sociaux, qu’il comportait des dispositions qu’ils jugent inacceptables et dangereuses pour la santé publique.

Face à leur protestation, explique le quotidien, une commission technique a été créée sur demande de la commission des secteurs sociaux, comportant également des représentants du ministère de la Santé et du secrétariat général du gouvernement. D’après le syndicat des ophtalmologues du secteur libéral, cette commission technique, qui a planché essentiellement sur l’article 6, objet du litige, a conclu à l’annulation de toutes les exceptions qu’il comporte, en prévoyant en même temps un renvoi à l’article 4 qui exige l’obligation d’une ordonnance pour se faire faire des lunettes. Or, souligne le syndicat, cité par Al Massae, au moment du vote, des amendements qui n’ont fait l’objet d’aucune concertation ont été introduits dans cet article et votés par la commission.

Ce sont justement ces amendements qui sont aujourd’hui à l’origine d’une crise entre les praticiens et le gouvernement, relève également le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du lundi 3 juin. Les ophtalmologues, note le journal, ont mis au point un programme de contestation pour alerter l’opinion publique sur les conséquences fâcheuses de l’adoption de ce projet de loi. 

Concrètement, la Commission de l'enseignement et des affaires culturelles et sociales à la Chambre des conseillers a tranché sur la polémique déclenchée récemment autour de l’éligibilité des opticiens lunettiers à mesurer l’acuité visuelle. Elle a effectivement décidé de modifier l’article 6 de ce projet de loi. Mais pas dans le sens voulu par les médecins. La nouvelle version, qui a pourtant fait l’objet d’un compromis au sein de la commission, stipule que les opticiens lunettiers peuvent fournir les outils nécessaires permettant de corriger l’acuité visuelle.

Pour les ophtalmologues, les amendements rajoutés autoriseraient les opticiens à faire la mesure de la réfraction ainsi que l’adaptation des lentilles de contact. Ce qui va constituer, prévient le syndicat, dans son communiqué repris également par Al Akhbar, une «institutionnalisation d’exercice illégal de la médecine». Cela d’autant que, souligne le syndicat des ophtalmologues du secteur libéral, l’adaptation de lentilles de contact est réservée aux médecins ophtalmologues. Dans certains pays, il faut en plus un diplôme spécialisé. Cet acte étant purement médical et complexe, les ophtalmologues disent craindre des complications possibles pouvant aller jusqu’à la cécité.

Par Amyne Asmlal
Le 02/06/2019 à 21h42