C’est un véritable mini-remake de l’expulsion massive des dizaines de milliers de Marocains d’Algérie, juste après la Marche verte en 1975, sous le règne de Houari Boumédiène. Des agriculteurs de la localité d’El Arja, dans la province de Figuig, ont été sommés par les autorités algériennes de quitter les lieux au plus tard le 18 mars prochain, au prétexte qu’il s’agirait là d’une partie du territoire algérien.
Des dizaines de familles risquent de perdre des terres qu’elles ont exploitées, de père en fils, depuis des décennies, avec ce que cela implique comme investissements, surtout qu’elles ont réussi à transformer ces terrains arides en superficies arables, qui produisent l’une des espèces de dattes les plus convoitées sur les marchés internationaux. Depuis quelques jours, ces habitants ne décolèrent pas et demandent une intervention des autorités marocaines.
Du grand banditisme aux frontièresSur les réseaux sociaux, les citoyens natifs de la région de Figuig expriment leur colère face à cet état de fait qui prouve une fois encore que le voisin de l’Est cherche par tous les moyens une escalade de ses relations, déjà tendues, avec le Royaume.
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Le Hirak vient de souffler sa deuxième année, le moral de la population est au plus bas, la situation économique est de plus en plus désastreuse en Algérie. Le slogan-phare du Hirak est «dawla madanya, machi askaria» (un Etat civil, pas militaire). Les généraux sont décriés chaque semaine par les citoyens algériens qui les traitent de «criminels», de «terroristes», de «mangeurs voraces du pays» et les souhaitent jetés «à la poubelle».
Tous les appels à un front intérieur ont laissé de marbre les millions d’Algériens qui battent le pavé chaque vendredi. Impuissante à faire face aux revendications du peuple, l’armée algérienne semble ainsi vouloir créer une tension exacerbée, avec le Maroc pour détourner l’attention des hirakistes.
Les exactions de l’armée algérienne contre les habitants de Figuig ne datent pas d’hier. A maintes reprises déjà, des soldats algériens intervenaient dans cette espèce de no man’s land pour en chasser les agriculteurs marocains, mettre la main sur leurs récoltes, voire voler du bétail… Mais cette fois-ci, ces exactions ont lieu dans un contexte particulier et semblent être volontairement initiées afin de provoquer un accrochage armé.
Tourner la page du Hirak à n’importe quel prix«L’Algérie fait et fera feu de tout bois pour faire oublier ce qui s’est passé à El Guerguerat. Elle profite du flou du tracé des frontières pour se venger sur les habitants de Figuig», affirme un cadre, né dans cette région. Et d’avancer que le régime algérien court derrière un autre objectif: mettre les autorités marocaines dans l’embarras en provoquant des mouvements sociaux, dont des sit-in ou des manifestations. Faute d’avoir vu aboutir ses tentatives de susciter des troubles dans le Sahara marocain via les séparatistes de l’intérieur à sa solde, Alger veut créer des foyers de tension à sa frontière ouest.
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Selon des sources bien informées, les soldats algériens ont multiplié les provocations en direction des éléments des FAR tout au long des frontières. Ces provocations vont des insultes, proférées à l’aide de haut-parleurs, jusqu’à des gestes vulgaires de la main, indignes d’une armée professionnelle. De plus, des unités de l’armée algérienne ont été positionnées à proximité de Figuig et des photos de leur campement, ont volontairement fuité sur les réseaux sociaux.
Il est également évident que l’armée algérienne cherche à créer un deuxième front, gambergeant sur une nouvelle mobilisation des éléments des FAR qui étaient affectés au Sahara. Si tel est le calcul des généraux algériens, ils se trompent. Il existe un seul front pour l’armée marocaine et il s’étend tout au long des frontières est du pays.
Une question se pose à présent: jusqu’où iront les généraux algériens dans leur escalade contre le Maroc? En 1991, l’armée algérienne a mis l’Algérie à feu et à sang, pendant dix ans, uniquement pour empêcher les civils, démocratiquement élus, de prendre le pouvoir. En 2021, elle semble prête à faire un pari fou pour se maintenir, coûte que coûte, au pouvoir.