La Chambre criminelle chargée des crimes financiers près la Cour d’appel de Rabat a condamné, lundi dernier, le président de la commune d’El Houafat, relevant de la province de Sidi Kacem, à deux ans de prison avec sursis pour détournement et dilapidation des deniers publics. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mercredi 17 février, que le mis en cause a écopé d’une amende qu’il doit verser à «Dar Taliba», dont il aurait détourné 70.000 dirhams du budget. Selon l'accusation, le responsable communal aurait versé cette somme au chanteur populaire Abdelaziz Stati en guise de cachet pour sa participation à un festival musical organisé dans cette commune.
La Cour avait organisé des confrontations tendues entre les deux principaux accusés et des dizaines de témoins, parmi lesquels se trouvaient des fonctionnaires et des présidents d’associations de la société civile, accusés d’avoir perçu l’argent public de manière suspecte. Le président de la commune, qui est un cadre du ministère des Habous, a été particulièrement confronté à une multitude de questions et de témoignages émis par la Cour. Les magistrats lui ont notamment demandé de justifier la grande différence entre le budget réservé au festival par le Conseil de la ville et les sommes versées aux participants à cette manifestation.
Le quotidien Al Akhbar rapporte que la Cour a particulièrement mis l’accent sur le cachet perçu par le chanteur populaire Abdelaziz Stati, cachet déduit du budget réservé à l’association «Dar Taliba». Le mis en cause a aussi été appelé à répondre des déséquilibres financiers constatés dans les primes de circoncisions accordées aux enfants de la commune, le soutien aux équipes sportives et aux associations des apiculteurs, ainsi que l’aide aux personnes à besoins spécifiques. La confrontation entre les accusés et les témoins à révélé des contradictions notoires entre les fonctionnaires et les associations d’une part, et le président d’autre part.
Certains témoins ont confirmé la véracité des opérations financières engagées. D’autres ont contredit les affirmations du président de la commune en affirmant qu’ils n’étaient pas au courant des subventions réservées à leurs associations. Celles-ci auraient été, selon l’accusé, actées dans les procès-verbaux du Conseil de la commune. Comble d’ironie, le secrétaire de la commune a été incapable de justifier ces dépenses en prétextant qu’il était illétré.