Abdelilah Benkirane, le nouvel ancien patron du PJD, se mêle de tout, sauf de ce qui le regarde. L’islamiste en chef s'intéresse aux affaires propres à un parti politique, l’USFP en l’occurrence, et pousse la culot jusqu’à lui tracer la feuille de route qu’il doit suivre à l’occasion de son congrès. Il va même, par ailleurs, jusqu'à jacasser sur les affaires internes d’un pays étranger, à savoir la Tunisie, rapporte le quotidien Al Akhbar dans l’édito de son édition du lundi 10 janvier.
Benkirane manifeste, à ce propos, son soutien le plus ferme à son «frère», l’Islamiste et patron d’Ennahda, Rached El Ghannouchi qui, rappelle l’éditorialiste, n’a pas hésité, récemment, à appeler ouvertement à un Maghreb sans le Maroc. Bref, revoilà Benkirane qui commence à tirer sur tout ce qui bouge, relève l’éditorialiste, même sur les membres de son parti et, a fortiori, sur ses ennemis politiques, qui n’échappent pas à ses invectives lancées à tort et à travers.
Il traite ainsi ses adversaires politiques de tous les noms, et accuse certains parlementaires de son parti de lâches qui prennent la fuite pour tenter de sauver leur peau, tout en affirmant que l’ancien ministre du Travail, le patron de la jeunesse de son parti, Mohamed Amekraz, a été une erreur de casting et n’aurait jamais dû être nommé à ce poste. Dans sa nouvelle sortie publique, l'ancien chef du gouvernement s’en est également pris, poursuit l’éditorialiste d’Al Akhbar, à un parlementaire juste parce qu’il venait de s’offrir un 4x4.
Dans sa lancée, il a même prétendu, ajoute l'éditorialiste, avoir suggéré au Souverain de nommer El Othmani à la tête du gouvernement à la place de Mustapha Ramid, parce que ce dernier est d'un caractère «nerveux». Et d'aller jusqu'à laisser entendre qu’il aurait renoncé à son poste de chef de gouvernement pour éviter de le voir revenir à son ancien rival Ilyas El Omary, du PAM.
Dans ses divagations, poursuit l’éditorialiste, Benkirane revient sans raison sur un différend futile qui a opposé un ancien député de son parti, Andelaziz Aftati, il y a de cela une décennie, au ministre des Finances de l'époque, Salaheddine Mezouar. Le comble, c’est qu’il invite l’Etat à commencer par exterminer tous les membres de son parti. Avec ces débilités, entre autres contes à dormir debout, le patron du parti islamiste cherche sans doute à reconquérir un hypothétique statut moral qui lui permettrait de mieux se vendre et de lui assurer, par conséquent, un retour en force sur la scène politique.
Or, estime l’éditorialiste d’Al Akhbar, Benkirane a épuisé la totalité de son capital politique. Et justement, en politique, on ne peut jamais prétendre à une seconde chance. Quand on est politiquement fini, on ne peut plus espérer un quelconque retour en force. Le fait est que, estime l’éditorialiste, par ces sorties publiques, Benkirane essaie d’envoyer des messages à l’Etat. Mais, ce faisant, il nous montre à quel point il est perdu et à quel point les résultats des dernières élections du 8 septembre lui pèsent encore. Il se trouve que tout le monde sait qu'il est le premier responsable de l'actuelle décrépitude de son parti.
Au moment où il a repris les rênes de son parti, et alors que sa formation avait été acculée à l’opposition, tout le monde s’attendait à ce qu’il mette au point une stratégie pour le PJD, dans sa nouvelle position face au gouvernement. Chacun sait qu’il aurait été aberrant de s’opposer à une situation politique que ce pati a largement contribué à créer, mais l'on attendait quand même à le voir réagir. Or, le nouvel ancien patron du PJD a préféré inventer un nouveau type d’opposition, soit «l’opposition à l’opposition». C’est démontré, Benkirane ne peut politiquement vivre sans ennemis. Et quand il n’en a pas, il en crée.
Toujours est-il, conclut l’éditorialiste, que le PJD, qui a dirigé le gouvernement pendant deux mandats, se trouve aujourd’hui dans une situation peu enviable. Peut-être même à la marge de la loi. D’abord, il rechigne encore à restituer un trop perçu des financements publics, et donc de l’argent du contribuable, d’un montant de 8 millions de dirhams. Ensuite, étant donné que, manifestement, le patron du parti n’a aucune intention d’organiser le congrès national, ce sont toutes les instances du PJD qui sont devenues caduques, leur mandat ayant expiré depuis la fin de l’année dernière.