"Mais quelle mouche a piqué Abdellilah Benkirane?", s’interroge Mokhtar Larhzioui, directeur de publication d’Al Ahdath Al Maghribia, dans l’éditorial du quotidien du 7 septembre. En effet, l’ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du PJD a annoncé, de façon prématurée, la défaite attendue de la formation à référentiel islamiste dans un live diffusé le 5 septembre sur sa page Facebook.
Cette sortie d’Abdelilah Benkirane intervient suite à l'accueil réservé aux candidats du PJD aux échéances électorales du 8 septembre dans certaines villes du Royaume, notamment à son successeur à la primature et à la tête du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, candidat aux élections législatives dans la circonscription Rabat-Océan, qui a été hué en raison de son bilan gouvernemental.
Dans sa livraison du 7 septembre, Al Ahdath Al Maghribia revient sur la sortie étonnante de l’ancien chef de file des islamistes. D’après le quotidien, Abdelilah Benkirane est convaincu que son parti, sous la direction actuelle de Saâd-Eddine El Othmani, a perdu "le soutien populaire" dont il jouissait et qui lui avait permis de diriger deux gouvernements successifs. Ce qui explique, en partie, sa sortie à deux jours seulement du scrutin du 8 septembre.
Dans ce live diffusé le 5 septembre sur sa page Facebook et suivi par 20.000 personnes -un record pour une personnalité politique lors de cette campagne électorale-, Abdelilah Benkirane a reconnu la défaite du PJD, tout en gardant les distances qu’il avait prises avec l’actuel leadership de la formation à référentiel islamiste. Pour l’ancien chef du gouvernement, la stabilité du pays sera menacée si le Rassemblement national des indépendants (RNI) et son président, le ministre de l’Agriculture sortant, Aziz Akhannouch, dirigent le prochain gouvernement.
Pendant plus de trente minutes, Abdelilah Benkirane a tiré à boulets rouges sur la "personnalité politique" d’Aziz Akhannouch, son ministre de l’Agriculture de 2012 à 2016. Pour l’ancien chef du gouvernement, le président du RNI, qui ambitionne de remporter les prochaines élections législatives, "n’est pas qualifié pour diriger le prochain gouvernement, tant il manque du charisme politique nécessaire à un chef du gouvernement". Le prédécesseur d’El Othmani est même allé jusqu’à accuser Aziz Akhannouch d’enrichissement illicite, en évoquant une "richesse entourée de soupçons".