Le secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, vient de s’exprimer dans une longue interview parue dans les colonnes du quotidien arabophone Assabah du vendredi 11 juin.
Très critique à l’égard du gouvernement dirigé par le PJDiste Saad-Eddine El Othmani, il lui reproche surtout son échec dans la lutte contre la corruption, qu’elle soit petite ou grande, et estime même que l’actuel gouvernement s’est adapté à la corruption au point de la normaliser. Sur ce palier, le patron du PAM s'en défend et déclare que l’opposition peut être accusée de tout, sauf d’avoir constitué un obstacle à la lutte contre la corruption. D’ailleurs, se demande-t-il, comment une équipe gouvernementale aussi éclatée et constamment en guéguerre peut-elle réussir quoi que ce soit?
C’est pour cette raison que le PAM, explique-t-il,a présenté récemment une motion de censure pour faire tomber ce gouvernement, surtout qu’El Othmani a été contesté au parlement même par des pans entiers de sa majorité gouvernementale. Cependant, Ouahbi reconnait avoir tempéré ses ardeurs, non pas à cause du faux bond de l’Istiqlal, mais parce que le PAM a fini par mettre l’intérêt du pays au-dessus de tout, sachant que l’actuel gouvernement n’a plus que quelques mois pour finir son mandat.
Malgré cette opposition farouche au gouvernement dirigé par le PJD, le SG du PAM n’écarte cependant pas une future alliance entre la lampe et le tracteur. «Tous les scénarios sont possibles. Il n’y a ni lignes rouges, ni lignes vertes entre nous et le PJD ou le RNI». Tout sera décidé en fonction des résultats réalisés par les trois partis aux prochaines élections, des programmes politiques présentés, du poids des autres partis et de leur positionnement…
Et d’ajouter: «Il est vrai qu’il y avait un problème personnel entre moi et le président du RNI, et non son parti, mais lors d’une récente rencontre au palais royal de Fès, nous avons convenu d’ouvrir un dialogue dans le respect mutuel». Ouahbi reconnait au contraire que sa relation avec Abdelilah Benkirane reste empreinte de cordialité. «Ce n’est pas un crime», justifie-t-il.
Questionné sur les candidatures acceptées ou rejetées au sein de son parti pour les futures élections, Abdellatif Ouahbi affirme que les candidatures ne sont pas encore décidées. Mais il reconnait que certaines personnalités du parti ont été recalées, alors que certains mécontents ont été renvoyés pour avoir rejoint d’autres chapelles. Selon lui, Hakim Benchamass n’a pas encore décidé de présenter, ou non, sa candidature, alors que Mohammed Biadillah s’est déclaré non partant. Pour ce qui est de Hamid Narjiss, le PAM lui a refusé le cumul de nombreux mandats électifs, d'où son mécontentement.
Enfin, Ouahbi se dit confiant quant à une probable victoire de son parti aux prochaines élections, affirmant que le futur chef du gouvernement n’est pas nécessairement le SG du parti, mais peut être toute autre personnalité issue du parti arrivé en tête. Une chose est sûre: en cas de victoire, le PAM fera du Nouveau modèle de développement un pilier de son programme gouvernemental.